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​DIALOGUE AUTOUR DU DIALOGUE NATIONAL

Rédigé par Dakarposte le Lundi 20 Janvier 2020 à 16:19


"Le plus difficile dans l'art du dialogue, ce n'est pas de parler, c'est d'apprendre à écouter". En plus d’écouter, nous invitons à lire ces lignes et non entre les lignes. 
La démocratie repose sur deux piliers fondamentaux, le pluralisme et l’alternance. Elle est gouvernée par deux principes cardinaux, la compétition électorale et le dialogue politique. 
Depuis quelque temps, le concept de dialogue est le plus usité au sein de l’opinion et qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans la presse nationale. 
La tradition politique du Sénégal veut qu’à l’approche d’une compétition électorale et après chaque élection, le Ministère de l’Intérieur, qui est le réceptacle privilégié du dialogue politique, mette en place un cadre de concertation pour réfléchir sur le processus électoral. Que cela soit sous sa propre direction ou sous le contrôle de la Direction générale des élections ou de la Commission Electorale Nationale Autonome, le Ministère de l’Intérieur a toujours été la cheville ouvrière. D’ailleurs, la première réunion s’est tenue le jeudi 09 mai 2019 sous l’égide et la présence effective du Ministre de l’Intérieur M. Aly Ngouille NDIAYE, en présence de tous les acteurs politiques (pôle de la majorité, de l’opposition, des non-alignés), de la société civile, de la CENA, du CNRA et l’administration électorale. 
Depuis le 29 mai 2019, date du lancement du dialogue national par le Président de la République Macky SALL, un débat s’est posé et chacun pousse son cri d’orfraie au point d’être strident sans éclairer la moindre lanterne. Au moment où certains exhibent fallacieusement une dyarchie voire une hiérarchie entre messieurs Famara Ibrahima SAGNA et Mamadou NIANG, certains s’érigent la prérogative d’exiger la démission du premier en tant  que Président du comité de pilotage du dialogue national. 
Nous comprenons pourquoi Alain LABLAY disait que "mettre en place le dialogue social demande des efforts et l'entretenir en demande plus encore". 
Seule la lucidité pourrait faciliter la compréhension et remettre à l’endroit ce qui est à l’envers. Tout d’abord, toute personne qui invite au dialogue veut cultiver la paix et la concorde. Sur ce point, le Président Macky SALL a bien fait de tendre la main aux forces vives de la nation non pas pour parler POLITIQUE mais pour réfléchir sur tout ce qui touche le pays tout entier. Ce jour-là, plus de 250 acteurs et autorités ont répondu présents à son appel. Du dialogue politique, on est arrivé au dialogue national et la chronologie des faits et des évènements majeurs nous permettra d’endiguer les scories et d’anéantir le bigotisme. 
Suite à la rencontre du 09 mai 2019, un arrêté du Ministre de l’Intérieur du 31 mai 2019-014845 a créé une commission cellulaire qui, selon les termes de son article 1er, est chargée de diriger les travaux du Cadre de concertation sur le processus électoral. Sur acceptation unanime des acteurs politiques de la majorité, de l’opposition, des non-alignés et de la société civile, le bureau a été nommé avec comme Président le Général Mamadou NIANG et comme membres les Professeurs Babacar KANTE et Alioune SALL et monsieur Abdoul El Mazide Ndiaye de la société civile. La commission cellulaire a tenu sa première réunion le vendredi 14 juin 2019 à l’hôtel Ngor Diarama au cours de laquelle le calendrier de travail a été adopté et effectué l’examen d’un projet de code de conduite et des termes de références pour le bon déroulement des travaux du Cadre de concertation sur le processus électoral (CCPE).
Le 20 juin, les représentants de l’Administration, des organismes de contrôle et de supervision des élections (CENA et CNRA), de la société civile et des pôles de la majorité, de l’opposition et des non-alignés, parce que convaincus que les règles électorales doivent être acceptées par les acteurs du jeu politique, ont librement adopté le code de conduite et les TDR et stabilisé d’autres consensus durant les 7 derniers mois.
Le 03 juillet, un décret n°2019-1106 a été pris pour créer et fixer les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité de pilotage du dialogue national. Dans cette même veine, un autre décret n°2019-1110 du 05 juillet est intervenu pour nommer Monsieur Famara Ibrahima SAGNA, Président du comité de pilotage du dialogue national.
Dès lors, une double précision doit être apportée. D’une part, la commission cellulaire dirigée par le Général NIANG a un champ d’intervention limité au processus électoral et aux règles du jeu politique alors que le dialogue national présidé par M. SAGNA englobe tous les domaines de la société. Le dialogue national retrouve en son sein le dialogue politique. D’autre part, une hiérarchie ou une dualité entre SAGNA et NIANG ne saurait exister d’autant plus que la commission cellulaire est créée et organisée par un arrêté alors que le comité de pilotage l’est par décret. 
Qui plus est, une fois pris le décret 2019-1106 modifié par le décret 2019-2004 du 04 décembre 2019, la commission cellulaire a demandé de son propre chef d’être confondue à une des commissions thématiques du comité de pilotage telles que prévues par l’article 3, à savoir la commission politique. Notons au passage que huit (08) sur les cinq (05) commissions initialement créées sont déjà mise en place mais celle qui a le plus fonctionné est celle politique en raison du travail déjà effectué par la commission cellulaire et les différents secteurs du CCPE.
Tout le problème est né lorsque le nombre des membres du comité de pilotage a été augmenté avec l’arrivée de certains qui, au début, ne voulaient pas faire partie du dialogue dans la commission cellulaire.
Pour la nouvelle commission politique du comité de pilotage du dialogue national, qui a hérité du travail colossal de la commission cellulaire, il n’est pas question que de nouveaux entrants remettent en cause les acquis et consensus stabilisés, entre autres le report des élections locales et l’élection de maires et présidents de conseils départementaux au suffrage universel direct avec la tête de la liste majoritaire. D’ailleurs, c’est la base de ce consensus que la date des élections locales initialement prévue le 1er décembre 2019  a été reportée par une loi votée à l’Assemblée nationale le mardi 19 novembre 2019.
Si vraiment travailler et obtenir des résultats probants et constructifs serait la motivation majeure des nouveaux membres, les sept autres commissions thématiques que sont la commission économique et social, celle des ressources naturelles (mines, pétrole, gaz, foncier, etc.,), celle sur l’environnement et le cadre de vie, celle sur la paix et sécurité, celle sur la bonne gouvernance, celle sur la décentralisation territoriale et celle de synthèse, sont assez ouvertes pour accueillir tout le monde.
Nous pensons que l’allure de ce dialogue est bonne et que beaucoup de non sachants cherchent à polluer la bonne dynamique entreprise par de braves sénégalais qui ne veulent qu’une concertation sereine et productive au premier chef desquels le Président Macky SALL. "Il faut jamais se lasser de dialoguer" disait Madiba.
Ce dialogue est une invitation à une gestion optimale du pays de manière concertée et inclusive. Le Président Macky SALL a reçu l’onction populaire avec 58% des suffrages lors de la dernière élection présidentielle. Personne ne lui aurait reproché de définir son cap et d’avancer avec ses femmes et hommes avec qui il a concocté son programme de LIGGEEYAL ËLLËK. Mais parce qu’il veut "un Sénégal pour tous", il souhaite construire ce "Sénégal par tous".
Mais en dépit de tout, nous pouvons nous permettre comme conseiller de lui transmettre la juste et belle pensée de Monsieur Xavier BERTRAND : "Il y a le temps de la pédagogie, de la concertation, du dialogue ; et à un moment donné, il y a le temps de la décision". 








Mouhamadou Mounirou SY

Conseiller spécial du Président de la République auprès du Secrétariat général du Gouvernement (Sénégal).
Maitre de conférences en Droit à l'université de Thies (Sénégal).
Docteur en droit public (université de Toulouse 1 (France), Spécialisation : Droit constitutionnel.
Président de l'Alliance pour une Dynamique Nouvelle (ADN-Senegaal), Mouvement politique.




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