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22 ans de terreur sous Jammeh: Chronologie d'une dictature féroce!

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 18 Décembre 2016 à 00:02

22 ans de terreur sous Jammeh: Chronologie d'une dictature féroce!
Le récit terrifiant de la mise à mort de Solo Sendeng ne pouvait laisser personne insensible. Pas même les cœurs les mieux accrochés, tant la cruauté de l’acte fut sidérante. Le seul tort du jeune homme : avoir pris part à une manifestation politique et réclamer des réformes électorales. Il sera arrêté, enfermé et battu à mort comme un vulgaire paria, par les forces de sécurité gambiennes.
Une violence inouïe
«Solo portait un caleçon de type boxer de couleur bleue. Il a été battu et torturé jusqu’au moment où il a perdu connaissance, obligeant Sheikh Oumar Jeng, le Directeur adjoint des opérations à la Nia de Tanjeh à appeler le docteur Lamine Sanyang de Brikama Berewuleng pour examiner le jeune opposant qui baignait dans une mare de sang. Le corps complètement inanimé. Il était entre 4 heures et 5 heures du matin, et le médecin n’a pas tardé à confirmer son décès. Solo Sandeng, dont le corps était complètement déchiré par les coups de fouet, est mort des suites de ses blessures contractées lors des séances de torture. Quelques minutes plus tard, Sheikh Oumar Jeng est revenu dans la salle où le corps de Solo Sandeng était couché sur une natte, pour annoncer un ordre qui a pris de court tout le monde : ‘‘Boss nous a demandé de faire disparaître le corps de Solo Sandeng’’. Et puisqu’il n’était pas prudent d’amener un tel corps au cimetière, tout le monde était d’accord qu’il fallait l’enterrer derrière les locaux de la Nia de Tanjeh, près du mur de clôture», avait confié un membre de la  National intelligence Agency (Nia), l’instrument de torture par excellence du dictateur gambien. Aujourd’hui, la famille de Solo a fui la Gambie. Elle panse ses plaies et digère sa douleur au Sénégal.
Mais, malheureusement, l’affaire Solo Sendeng n’est pas un cas isolé en Gambie. Au contraire, depuis l’installation de Jammeh, une répression impitoyable s’abat sur ceux qui osent ramer à contre-courant de l’homme fort de Banjul.
En effet, c’est le 22 juillet 1994 que Yaya Jammeh est arrivé au pouvoir en Gambie. A la faveur d’un coup d’état, il a renversé le gouvernement de Diawara. Et ce sera le point de départ d’une dictature qui a duré plus de 20 ans, et fait germer la terreur au sein de la société gambienne.
2000: Les forces de sécurité massacrent des enfants
Avril 2000, alors que le monde tombait en admiration devant le Sénégal qui venait de réussir une transition démocratique historique entre Diouf et Wade, dans la Gambie voisine, c’est le carnage. Une manifestation pacifique d’élèves qui réclamaient justice pour leur camarade Ebrimah Barry, décédé des suites d’un mauvais traitement infligé par des forces de l’ordre à Brikama, est réprimée dans le sang. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des enfants désarmés. Quatorze personnes sont tuées dont six enfants. Pas d’enquête, pas de sanctions. La terreur ne faisait que commencer.
2001 : La loi de l’impunité
Pour mieux asseoir sa machine répressive, Jammeh va changer la loi. En avril 2001, le texte portant modification de la loi relative à l’immunité, est adopté. Elle donne au président le pouvoir de protéger des poursuites toute personne susceptible d’avoir commis un acte de répression d’une réunion non autorisée ou autre situation d’urgence. Une loi, pour tout simplement protéger les bourreaux. Jammeh venait là, d’institutionnaliser l’impunité.
2004 : Deyda Haydara est tué
Le 16 décembre 2004, la répression funeste et lugubre frappe le monde des journalistes. Deyda Hydara est tué. Rédacteur en chef du journal The Point, il avait montré son opposition à la loi promulguée par le président, qui relevait les frais d’enregistrement pour les médias. Il sera retrouvé mort dans son véhicule, le corps criblé de balles. Jusqu’à ce jour, aucune enquête sérieuse. La Cour de justice de la Cedeao s’était égosillée à rappeler à l’ordre la Gambie. Elle avait même rendu une décision à l’encontre du gouvernement gambien à qui elle reprochait de n’avoir pas mené d’enquête adéquate sur le meurtre du journaliste. Jammeh restera sourd.
2005 : Massacre et décapitation des 50 migrants
Le 23 juillet 2005, le massacre! 50 migrants, dont 44 de nationalité ghanéenne, appréhendés au large de la Gambie, ont été lâchement tués et décapités par les forces de sécurité gambiennes dites «incontrôlées». «Ils étaient soupçonnés de vouloir renverser le gouvernement pendant les célébrations de la fête de l’indépendance. Selon un rapport de l’Initiative du Commonwealth pour les droits de l’homme (Chri), ces hommes ont été emmenés au quartier général de la marine à Banjul, divisés en groupes de huit et conduits vers un champ près de Siffoe, dans la division occidentale de la Gambie, où ils auraient été tués par des membres des forces de sécurité armés de machettes, de haches et d’autres armes. Les corps ont ensuite été jetés au hasard en plusieurs endroits, notamment dans le village de Brufut», renseigne le rapport ‘‘20 années de peur en Gambie: il est temps que justice soit rendue’’. Le Ghana a pu identifier les corps de huit de ses compatriotes tués. En 2009, un rapport conjoint de la Cedeao et de l’Onu a indiqué que les responsables de ces agissements étaient des éléments véreux des forces de sécurité. Mais aucune autre enquête n’a été menée. Personne ne sera inquiété.
Disparition de journalistes et d’opposants
En 2006, le journaliste Ebrima Manneh disparait. Il n’est plus retrouvé depuis. Les plaintes de la Cour de justice de la Cedeao n’y refont rien. Jusqu’à ce jour il est introuvable. En décembre 2010, la Cour de Justice de la Cedeao prend position contre le gouvernement gambien en raison de l’arrestation arbitraire et de la torture du journaliste Musa Saidykhan. Mais rien n’y fait. Des journalistes et hommes politiques seront arrêtés, enfermés et torturés, à l’image d’Amadou Sanneh, Malang Fatty et Alhagie Sambou Fatty, militants du Parti démocratique unifié. Ils sont toujours incarcérés. Jammeh n’hésitera pas à fermer des stations radio qui n’émettent pas dans le sens de sa volonté, comme Teranga Fm, Daily New, Standard etc.
2012 : Les exécutions qui fâchent Macky
En 2012, Jammeh fait exécuter 9 condamnés à mort dont deux Sénégalais par un peloton d’exécution. Ni les prisonniers, ni leurs proches, ni leurs avocats, ni les représentants diplomatiques ne sont mis au courant. Ce qui avait provoqué le courroux du chef de l’Etat Macky Sall en son temps.
2015 : des putschistes fusillés leurs corps exposés
En janvier 2015, après un coup d’Etat manqué, Jammeh fait sa chasse aux sorcières et tue les présumés soldats putschistes dont les corps ensanglantés et nus, sont exposés sur le web. L’horreur !
Aujourd’hui, le dictateur gambien, bien qu’il s’accroche encore au pouvoir, appartient désormais au passé de la Gambie. Il a dirigé ce pays, d’une main de fer pendant 22 ans. Et pourtant, le peuple gambien n’eut même pas besoin de se soulever ou de verser dans la violence pour le balayer du pouvoir.
Youssouf SANE

Auteur:  Seneweb.com



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