
En 1789, Gabriel Riqueti Comte de Mirabeau écrivit dans le Préambule de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen: “Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression”. Chers députés, vous appartenez pour l'essentiel à des partis politiques pour nous représenter et défendre nos droits et libertés. Or l'Assemblée nationale du #Sénégal vient de valider la mise en place de la Commission ad hoc chargée de statuer sur la levée de l'immunité parlementaire de Khalifa Sall qui ne comparaîtra pas libre, j'en suis convaincu, de toutes contraintes. Aussi, comme lettre à la poste, ses bourreaux vont-ils proposer une résolution pour donner une suite favorable à la demande du Procureur du Roi. En plénière, aucun effet de manche, aucune règle de procédure, aucun appel au règlement intérieur ne pourra émouvoir cette majorité mécanique prête à broyer de l'opposant. Alors que faire? A mon avis, face aux pouvoirs exorbitants d'un État voyou, violent et sans morale, il faut opposer une résistance aussi déterminée que saugrenue. C'est pourquoi, aux députés de toute l'opposition et à ceux qui veulent réellement assumer leur destin, redonner à l'institution parlementaire ses prérogatives et toute sa splendeur, défendre l’Etat de droit en barrant la route à la tyrannie, je suggère de refuser le simulacre de débats que Moustapha Niasse vous proposera à la prochaine plénière. En lieu et place, il urge d’organiser la résistance bardés de votre écharpe tricolore devant les grilles de l'Assemblée nationale où vous êtes “par la volonté du peuple, et qu’on ne (vous) en arrachera que par la puissance des baïonnettes” comme le défendit courageusement votre vaillant prédécesseur, Mirabeau. Ainsi naquit l’immunité parlementaire. Vous le devez et vous le pouvez. Car comme vous le savez, le député est totalement irresponsable des actes se rapportant à l'exercice de ses fonctions; actes qui ne sont pas circonscrits aux seuls opinions et votes émis dans l'hémicycle. Même lors des travaux des commissions permanentes ou ad hoc, intra comme extra-muros, les actes posés par le député entrent dans le cadre normal de ses prérogatives. Par conséquent, vous avez les moyens légaux pour agir à bon escient. Et le peuple vous attend. Chers députés, je ne doute point de votre conscience que la liberté de Khalifa Sall, votre collègue en détention illégale et arbitraire, dépend de votre détermination à sacrifier la vôtre. Et c'est à ce prix seulement que vous donnerez des raisons supplémentaires aux populations de se mobiliser pour devenir, enfin, ces “Hercule de la liberté” qu'applaudisait le peuple de France. Et notre pays en a réellement besoin. Pour ce noble combat, vous avez toute ma confiance. Vive la République Vive l’Etat de droit Vive le Sénégal