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Ce que l'on sait sur le dépistage massif des Français

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 2 Avril 2020 à 00:52

Le gouvernement du pays de Marianne prévoit une vaste campagne de tests sérologiques, c'est-à-dire des prises de sang, pour dépister les Français qui ont été en contact avec le Covid-19. Le débat scientifique porte lui sur le nombre de personnes à tester pour envisager la phase de déconfinement.


Pour l'heure, le gouvernement n'a qu'une seule certitude: les Français devront passer par une vaste campagne de tests sérologiques avant d'envisager un déconfinement. Quand? Comment? Quelle catégorie de personnes tester? Autant de questions qui restent pour l'instant sans réponse, alors que des initiatives sont prises comme à Nancy où tous les pensionnaires et personnels d'un Ehpad vont être dépistés avec une prise de sang. "Une première mondiale", a assuré le maire de la ville Laurent Hénart.

"Si on veut sortir de cette phase de confinement, il faut commencer à pouvoir tester la population, et il faut en avoir les moyens", insiste auprès de BFMTV.com François Bricaire, infectiologue et membre de l'Académie nationale de médecine.

A la différence des tests PCR - les tests par prélèvement nasal, les tests sérologiques permettent de déterminer la présence des traces d'anticorps produits par le système immunitaire en réaction au coronavirus. En cas de présence de ces anticorps, cela signifie a posteriori que la personne a été contaminée. En clair, il est possible de déterminer qui a été porteur du Covid-19, même pour les individus asymptomatiques. Et donc de connaître le nombre de personnes immunisées.

5 millions de tests commandés
"Nous espérons que la recherche nous permettra d’être prêts pour fournir ce type d’examen fondamental pour les Français à l’heure où nous préparerons le déconfinement de la France", lançait samedi dernier le ministre de la Santé Olivier Véran.

La sérologie est déjà largement utilisée pour détecter d'autres maladies et le statut d'immunisation des personnes, comme par exemple pour l'hépatite B. 

"La recherche et le développement progressent vite et nous espérons être en mesure de pouvoir expérimenter de manière solide des sérologies sur le territoire national dans les prochains jours à prochaines semaines", a précisé à BFMTV.com la Direction générale de la Santé.

A l'image de son voisin allemand, la France tente de se lancer dans un dépistage massif: 5 millions de tests rapides doivent arriver prochainement sur le territoire, permettant ainsi une augmentation des capacités de dépistage avec "30.000 tests supplémentaires par jour au mois d'avril, 60.000 tests supplémentaires par jour au mois de mai et plus de 100.000 tests par jour au mois de juin", précise encore la Direction générale de la Santé. Une accélération notamment voulue afin de détecter les porteurs sains, qui seraient entre 30 et 60% des malades selon l'institut Pasteur.

La fiabilité de ces tests à l'épreuve
Le dépistage massif pourrait passer par une simple prise de sang réalisée par les laboratoires d'analyses, mais des tests dits rapides sont également en cours de développement et d'expérimentation.

"Cette technique est peut-être la plus importante", concède François Bricaire.

Byosinex, société strasbourgeoise, est l'une de ces entreprises qui développe cette technologie qui permet un dépistage à partir d'une gouttelette de sang, déposée sur une bandelette à laquelle est ajoutée quelques gouttes de diluant. Le résultat est ensuite connu en 10 minutes. La société reste dans l’attente des directives gouvernementales pour le commercialiser, alors que le CHU de Strasbourg procède actuellement à une étude pour tester la fiabilité de cette technique. 

"Il faut vérifier que la technique est fiable en terme de sensibilité et de validité", explique François Bricaire, également ancien chef du service Maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière. Actuellement plusieurs techniques sont donc testées en effectuant des comparaisons avec des résultats obtenus par des analyses dans des laboratoires agréés.

"C'est très difficile de répondre, a assuré mardi soir sur LCI Frédérique Vidal, la ministre en charge de la Recherche et de l'Enseignement supérieur. Tout le monde souhaite que cela aille le plus vite possible, mais avant de proposer un test massif il faut s'assurer de la validité et de la sensibilité de ces tests, c'est-à-dire être sûr que quand le test est négatif, c'est négatif, et quand il est positif il est réellement positif."

L'organisation d'un dépistage massif à l'étude
De nombreuses questions restent en suspens. "On en apprend tous les jours sur ce virus", reconnait l'infectiologue.

Parmi les données scientifiques encore à déterminer figure la capacité de protection des anticorps ou encore la durée de cette immunité.

"Il faut comprendre que ce virus était inconnu", insiste Frédérique Vidal, justifiant par ailleurs les prises de précautions du gouvernement à ne pas avoir lancé plus tôt des campagnes de dépistage.

Désormais, parmi les différents scenarii évoqués par l'exécutif pour une sortie de confinement, en lien avec le conseil scientifique, les tests massifs apparaissent comme la clé d'un déconfinement partiel et progressif, avec des personnes immunisées autorisées à sortir et à se rendre à leur travail.

"Il faut encore déterminer les personnes à tester prioritairement", insiste François Bricaire.

Il s'agira également de fixer le nombre de personnes à tester pour avoir une idée fiable de la partie de la population immunisée et ainsi éviter un rebond de l'épidémie. Reste enfin à savoir comment mettre en place cette vaste campagne de dépistage: chez le médecin, dans les pharmacies ou encore dans des centres d'accueil.



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