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Charles Blé Goudé condamné par contumace à 20 ans de prison en Côte d'Ivoire

Rédigé par Dakarposte le Mardi 31 Décembre 2019 à 10:06

Le tribunal criminel d'Abidjan a condamné lundi l'ancien bras droit de Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle aux Pays-Bas, à 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques et 300 000 euros de dommages et intérêts.


Charles Blé Goudé condamné par contumace à 20 ans de prison en Côte d'Ivoire
Acquitté en janvier dernier par la Cour pénale internationale (CPI), l'ancien chef des Jeunes patriotes ivoiriens Charles Blé Goudé a finalement été condamné dans son pays. Il a annoncé, lundi 30 décembre, à l'Agence France Presse (AFP) avoir appris sa condamnation à 20 ans de prison par la justice ivoirienne lors d'une audience à Abidjan le même jour.

Selon l'ancien bras droit de Laurent Gbagbo, joint par téléphone à La Haye où il est en liberté conditionnelle depuis son acquittement par la CPI, la Côte d'Ivoire l'a également condamné par contumace à "10 ans de privation de ses droits civiques et 200 millions de francs CFA" (300 000 euros) de dommages et intérêts à verser aux victimes. Le tribunal a, en outre, délivré un mandat d'arrêt contre lui, affirme-t-il.

Charles Blé Goudé s'est dit "surpris par ce verdict", prononcé sans la présence d'un avocat. Il était accusé par la justice ivoirienne d'"actes de torture, homicides volontaires et viol", avaient indiqué ses avocats le 18 décembre, jour où son procès devait s'ouvrir.

Une "violation flagrante" des droits de Charles Blé Goudé

L'un de ses avocats, Me Suy Bi Gohoré, avait alors affirmé que le président du tribunal criminel d'Abidjan avait "retiré l'affaire du rôle" dans l'attente de l'examen d'un pourvoi en cassation formulé par lui, fondé sur l'absence de l'accusé et sur d'autres vices de forme dans la procédure.

Ses avocats avaient également dénoncé une "violation flagrante" des droits de M. Blé Goudé, du fait de son impossibilité à assister à son procès. L'ancien chef des Jeunes patriotes ivoiriens a été transféré par les autorités ivoiriennes à la CPI en 2014. Avec son ancien mentor, l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, il a été jugé pour crimes contre l'humanité. Tous deux ont été acquittés début 2019 et placés en liberté conditionnelle dans l'attente de l'examen de l'appel formulé par la procureure de la CPI. M. Blé Goudé ne peut pas rentrer en Côte d'Ivoire tant que la procédure n'est pas terminée.

Ses détracteurs et les ONG internationales le considèrent comme un de ceux qui ont contribué à la montée de la tension en Côte d'Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 dans les violences post-électorales ayant fait plus de 3 000 morts.

Son parti, le Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples, avait dénoncé un "harcèlement politique contre son président". L'ancien "général de la rue", ainsi surnommé pour sa capacité à mobiliser les partisans de Laurent Gbagbo, a annoncé en juin avoir des ambitions présidentielles à long terme, après la prochaine élection d'octobre 2020.

Agenda politique ?

L'annonce de la condamnation de Charles Blé Goudé survient huit jours après le début de l'affaire Guillaume Soro.

L'ex-chef de la rébellion ivoirienne des années 2000, et ancien président de l'Assemblée nationale, actuellement en France, est visé par un mandat d'arrêt international de la justice ivoirienne, qui l'accuse de "complot" et d'avoir préparé "une insurrection civile et militaire" pour s'emparer du pouvoir. L'opposition a dénoncé mardi des "dérives dictatoriales" du pouvoir.

Lors de l'annonce du procès Blé Goudé le 7 novembre, le procureur général de la Cour d'appel d'Abidjan, Léonard Lebry, avait réfuté tout agenda politique dicté par le pouvoir, à un moins d'un an de la présidentielle d'octobre 2020 qui s'annonce tendue.

Des membres de l'opposition estiment que le pouvoir du président Alassane Ouattara met tout en œuvre pour empêcher le retour au pays de l'ancien président Laurent Gbagbo, également en liberté conditionnelle en Belgique dans l'attente de la décision de la CPI.

Laurent Gbagbo a été condamné début novembre en appel à 20 ans de prison pour le "braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest pendant la crise post-électorale de 2010-11. Le président Ouattara a déclaré samedi que "nul ne sera autorisé à déstabiliser la Côte d'Ivoire" et que "le droit sera appliqué à tous, candidat ou pas".



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