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Guinée-Bissau : en attendant les résultats de la présidentielle

Rédigé par Dakarposte le Lundi 25 Novembre 2019 à 19:53

Au regard de la tension avant le scrutin, les résultats sont attendus avec une certaine nervosité, même si le calme a prévalu le jour de l'élection.


« La participation a été importante, mais nous ne pouvons pas donner de chiffre pour le moment », a déclaré à l'AFP la porte-parole de la Commission nationale électorale (CNE), Felisberta Vaz Moura. Il faut souligner que, si les opérations de dépouillement ont commencé, la situation est particulièrement tendue en Guinée-Bissau après la journée électorale de dimanche. Des échauffourées entre militants de différents camps, suivies de l'intervention de la police, ont eu lieu, notamment à Bissora (nord), Canchungo (nord-ouest) et Empada (sud-ouest), ainsi que dans la périphérie de Bissau, selon des sources sécuritaires interrogées par l'AFP.

Cafouillages et accusations
Avant même la fermeture des bureaux, un proche du président sortant José Mario Vaz, qui brigue un second mandat en tant qu'indépendant, a accusé ses adversaires du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), formation historique qui domine le Parlement et le gouvernement, de s'être livrés à des « fraudes ». « Il y a eu bourrage d'urnes dans des bureaux des régions de Bafata (est), Canchungo et Bisorra, avec la complicité du PAIGC et de la commission régionale des élections (CRE) », a affirmé à la presse le directeur de campagne du chef de l'État sortant, Botche Candé.


À Bissora, un responsable des jeunes du PAIGC a été, selon lui, « surpris avec une enveloppe pleine de bulletins » et « en train de distribuer du riz et de l'argent pour acheter des consciences ». « Le président Vaz n'acceptera pas des résultats entachés » d'irrégularités, a ajouté le directeur de campagne alors que son candidat avait assuré, en déposant son bulletin de vote, qu'il respecterait « la volonté du peuple ». De son côté, le candidat du PAIGC et ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, l'un des favoris, a déclaré : « S'il y a un deuxième tour, je le respecterai. » Si la campagne s'est déroulée pratiquement sans heurts, la crainte de lendemains difficiles prévalait au moment où votaient les quelque 700 000 électeurs pour départager les 12 candidats dans un pays qui a connu 4 coups d'État (le dernier en 2012) et de nombreuses tentatives depuis son indépendance en 1974.

Les observateurs de la délégation des Nations unies ainsi que ceux de la Cedeao, de l'Union africaine, de la Communauté des pays de langue portugaise et des États-Unis devraient publier chacun leur rapport détaillé sur les élections dans les prochains jours.

« Stabilité »

Pour sa part, David Mclachlan-Karr, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l'ONU, a déclaré : « Je tiens à féliciter la population de la Guinée-Bissau pour cette journée très importante. Partout dans le pays, les gens sont allés voter pacifiquement et avec une grande fierté civique. Nous nous attendons tous à un bon résultat pour l'avenir du pays et du peuple bissau-guinéen. C'est une élection très importante pour l'avenir et pour le processus de démocratisation et de stabilisation de la paix. »

Mais, d'ores et déjà, la stabilité est le mot clé qui revient chez les analystes et observateurs. « La crise de 2014-2019 a été le facteur qui a empêché le pays de tirer parti des moyens mis à sa disposition par la communauté internationale en 2014 lors de la table ronde de Bruxelles, sur la base du plan de développement intitulé Terra Ranka », explique Carlos Sangreman, spécialiste des questions de coopération du Cesa – Centre d'études sur l'Afrique et développement. « La Guinée-Bissau, c'est comme une puissante voiture qui roule à 40 km/h alors qu'elle est capable de rouler jusqu'à 200 », résume-t-il pour nos confrères de la presse portugaise.


La Guinée-Bissau a vécu ces quatre dernières années au rythme des conflits entre le président Vaz et le PAIGC. Élu en 2014 sous l'étiquette du PAIGC avant d'en être exclu, le président José Mario Vaz avait provoqué l'étincelle en limogeant en août 2015 son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef de cette même formation. Sous sa présidence, les chefs de gouvernement se sont succédé, suscitant l'inquiétude des pays d'Afrique de l'Ouest, qui ont multiplié les efforts de médiation. Surtout que l'armée avait jusqu'à présent pour habitude d'intervenir lorsqu'il y avait une escalade des tensions. Cette fois-ci, les militaires, bien que très visibles devant les principales institutions, n'entendent « plus fomenter de coups d'État », a tenu à rassurer son chef, le général Biaguê Na Ntam. Certainement l'un des messages les plus rassurants en attendant la proclamation des résultats provisoires, mercredi 27 novembre.



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