
L’inquiétude monte en Europe à l’encontre de l’homme le plus riche de la planète. Le multimilliardaire Elon Musk a fait face, lundi 6 janvier, à la levée de boucliers de plusieurs dirigeants européens préoccupés par ses prises de position récentes sur le réseau social X – dont il est le patron depuis le rachat de Twitter, en avril 2022.
Sans nommer directement le premier homme dont la fortune dépasse les 400 milliards de dollars (selon une estimation de Bloomberg), Emmanuel Macron a accusé, lundi, Elon Musk de soutenir "une nouvelle internationale réactionnaire". "Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections (...) Qui l'aurait imaginé ?", a lancé le président français lors d'une allocution devant les ambassadeurs français.
Peu après, le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, a lui aussi exprimé son inquiétude face aux prises de position du patron de X dans la vie politique de plusieurs pays européens. "Je trouve préoccupant qu'un homme avec un accès considérable aux réseaux sociaux et d'importantes ressources économiques s'implique de manière si directe dans les affaires internes d'autres pays", a-t-il dit au micro de la radio publique norvégienne NRK. "Ce n'est pas comme ça que les choses devraient se passer entre démocraties et alliés".
Le ton de ces propos contraste avec le temps où les dirigeants européens se battaient pour s’attirer les faveurs de l'homme d'affaires, notamment dans l’espoir de bénéficier d’investissements du patron de Tesla et de SpaceX. Emmanuel Macron avait, ainsi, reçu Elon Musk à l’Élysée lors du sommet “Choose France” en mai 2023, écrivant alors sur X au sujet du multimilliardaire : “Nous avons tant à faire ensemble”.
“Mensonges et désinformation” au Royaume-Uni
Il semble que les multiples prises de position du patron de X ces dernières semaines ont refroidi l’enthousiasme de plusieurs dirigeants européens. Mais il en est un pour lequel l’ambiance n’était déjà pas au beau fixe avec le milliardaire depuis son arrivée au pouvoir : Keir Starmer. Le Premier ministre du Royaume-Uni est, en effet, une des cibles privilégiées d’Elon Musk depuis l’arrivée des travaillistes au pouvoir, en juillet dernier.
Au moment des émeutes anti-migrants et anti-musulmans qui ont secoué le pays cet été, Elon Musk avait notamment jugé qu’une “guerre civile (était) inévitable” dans le pays. Dans la foulée, il s'en est pris au gouvernement de Keir Starmer, accusé de réprimer trop durement les émeutiers et de diriger "un État policier tyrannique". Le multimilliardaire a remis de l’huile sur le feu le 2 janvier, critiquant le Premier ministre britannique pour sa gestion d’une affaire de pédocriminalité – l’exploitation sexuelle de jeunes filles et mineures dans le nord de l’Angleterre.
Elon Musk – qui est proche du parti de droite radicale Reform UK de Nigel Farage – a aussi appelé sur X à la libération de Tommy Robinson. Cet activiste britannique d’extrême droite islamophobe, actuellement emprisonné pour avoir enfreint une décision de justice de 2021, a un pedigree fourni. Fondateur en 2009 de l'English Defence League (Ligue de défense anglaise), groupuscule issu de la mouvance hooligan, il compte de multiples condamnations à son actif – notamment pour troubles à l’ordre public. Il est aussi accusé d’avoir attisé les violences anti-migrants cet été.
Plus grave encore, le futur membre de l'administration Trump accuse Keir Starmer, lorsqu'il était procureur, d'avoir empêché des poursuites judiciaires contre un réseau d'exploitation sexuelle de plus de 1 500 jeunes filles qui avait sévi dans le nord de l'Angleterre entre 1997 et 2013 et dont les responsables étaient des hommes originaires du Pakistan.
Keir Starmer a répondu lundi à ces attaques, dénonçant sans le nommer “ceux qui propagent mensonges et désinformation”. Elon Musk, lui, a immédiatement écrit sur X que le Premier ministre britannique “est totalement méprisable”.
Fervent soutien de l’extrême droite en Allemagne
Depuis qu'il s'est engagé politiquement derrière Donald Trump et a joué un rôle de premier plan dans sa campagne, Elon Musk multiplie non seulement les marques de soutiens aux représentants de l’extrême droite au Royaume-Uni mais aussi en Allemagne. Le milliardaire a notamment déclaré sur X fin décembre : "Seule l'AfD (‘Alternative für Deutschland’, le parti d’extrême droite, NDLR) peut sauver l'Allemagne".
En écrivant ces mots, le milliardaire américain a aussi cité un message de Naomi Seibt qui déplore que Friedrich Merz, candidat de la CDU favori au poste de chancelier, “refuse toute discussion avec l’AfD” pour une éventuelle future coalition gouvernementale. Cette influenceuse sympathisante du parti d’extrême droite allemand a émergé sur la scène médiatique il y a plusieurs années comme “l’anti-Greta Thunberg”.
Elon Musk a aussi appuyé son soutien à l’AfD dans une tribune publiée dans le journal Die Welt. Le milliardaire américain y affirme notamment que le parti d’extrême droite est, selon lui, “la dernière lueur d'espoir pour ce pays”, louant entre autres son programme qui vante une “politique d'immigration contrôlée”.
À l’instar de Keir Starmer au Royaume-Uni, le milliardaire américain a aussi ses cibles sur la scène politique allemande. Il a notamment traité le chancelier Olaf Scholz de “fou” et “d’imbécile incompétent” ces dernières semaines – la première fois après l’éclatement de la coalition au pouvoir, la seconde après l’attaque mortelle sur le marché de Noël de Magdebourg. Elon Musk a aussi eu des mots à l’encontre du président Frank-Walter Steinmeier, le qualifiant notamment de “tyran”.
Olaf Scholz a condamné samedi les "déclarations erratiques" du milliardaire américain, appelant à “garder son calme” face à ses propos. “Le président allemand n'est pas un tyran anti-démocratique et l'Allemagne est une démocratie forte et stable – peu importe ce que M. Musk affirme", a-t-il souligné.
En attendant, Elon Musk va participer, jeudi 8 janvier, à une conversation retransmise sur X avec la dirigeante de l’AfD, Alice Weidel. La Commission européenne, qui joue un rôle de régulateur du numérique en Europe, s’est prononcée lundi à ce sujet : “Rien dans le DSA (le règlement sur les services numériques, NDLR) n'interdit au propriétaire d'une plateforme ou à quiconque d'héberger un ‘live stream’ et d'exprimer ses opinions personnelles", a déclaré son porte-parole Thomas Regnier.
L’enquête DSA ouverte en Europe en décembre 2023 vise le réseau social X, soupçonné de manquement à ses obligations notamment en matière de lutte contre la désinformation.
Parmi les dirigeants européens, Giorgia Meloni s'est, elle, fendue d'une déclaration pleine d'ironie : "Cela me fait sourire de voir ceux qui, hier, parlaient de Musk comme d'un génie le dépeignent aujourd'hui comme un monstre, seulement parce qu'il a choisi le 'mauvais' camp sur la barricade", a raillé la dirigeante italienne, qui a rendu brièvement visite à Donald Trump samedi en Floride.
Avec AFP
Sans nommer directement le premier homme dont la fortune dépasse les 400 milliards de dollars (selon une estimation de Bloomberg), Emmanuel Macron a accusé, lundi, Elon Musk de soutenir "une nouvelle internationale réactionnaire". "Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d'un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections (...) Qui l'aurait imaginé ?", a lancé le président français lors d'une allocution devant les ambassadeurs français.
Peu après, le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, a lui aussi exprimé son inquiétude face aux prises de position du patron de X dans la vie politique de plusieurs pays européens. "Je trouve préoccupant qu'un homme avec un accès considérable aux réseaux sociaux et d'importantes ressources économiques s'implique de manière si directe dans les affaires internes d'autres pays", a-t-il dit au micro de la radio publique norvégienne NRK. "Ce n'est pas comme ça que les choses devraient se passer entre démocraties et alliés".
Le ton de ces propos contraste avec le temps où les dirigeants européens se battaient pour s’attirer les faveurs de l'homme d'affaires, notamment dans l’espoir de bénéficier d’investissements du patron de Tesla et de SpaceX. Emmanuel Macron avait, ainsi, reçu Elon Musk à l’Élysée lors du sommet “Choose France” en mai 2023, écrivant alors sur X au sujet du multimilliardaire : “Nous avons tant à faire ensemble”.
“Mensonges et désinformation” au Royaume-Uni
Il semble que les multiples prises de position du patron de X ces dernières semaines ont refroidi l’enthousiasme de plusieurs dirigeants européens. Mais il en est un pour lequel l’ambiance n’était déjà pas au beau fixe avec le milliardaire depuis son arrivée au pouvoir : Keir Starmer. Le Premier ministre du Royaume-Uni est, en effet, une des cibles privilégiées d’Elon Musk depuis l’arrivée des travaillistes au pouvoir, en juillet dernier.
Au moment des émeutes anti-migrants et anti-musulmans qui ont secoué le pays cet été, Elon Musk avait notamment jugé qu’une “guerre civile (était) inévitable” dans le pays. Dans la foulée, il s'en est pris au gouvernement de Keir Starmer, accusé de réprimer trop durement les émeutiers et de diriger "un État policier tyrannique". Le multimilliardaire a remis de l’huile sur le feu le 2 janvier, critiquant le Premier ministre britannique pour sa gestion d’une affaire de pédocriminalité – l’exploitation sexuelle de jeunes filles et mineures dans le nord de l’Angleterre.
Elon Musk – qui est proche du parti de droite radicale Reform UK de Nigel Farage – a aussi appelé sur X à la libération de Tommy Robinson. Cet activiste britannique d’extrême droite islamophobe, actuellement emprisonné pour avoir enfreint une décision de justice de 2021, a un pedigree fourni. Fondateur en 2009 de l'English Defence League (Ligue de défense anglaise), groupuscule issu de la mouvance hooligan, il compte de multiples condamnations à son actif – notamment pour troubles à l’ordre public. Il est aussi accusé d’avoir attisé les violences anti-migrants cet été.
Plus grave encore, le futur membre de l'administration Trump accuse Keir Starmer, lorsqu'il était procureur, d'avoir empêché des poursuites judiciaires contre un réseau d'exploitation sexuelle de plus de 1 500 jeunes filles qui avait sévi dans le nord de l'Angleterre entre 1997 et 2013 et dont les responsables étaient des hommes originaires du Pakistan.
Keir Starmer a répondu lundi à ces attaques, dénonçant sans le nommer “ceux qui propagent mensonges et désinformation”. Elon Musk, lui, a immédiatement écrit sur X que le Premier ministre britannique “est totalement méprisable”.
Fervent soutien de l’extrême droite en Allemagne
Depuis qu'il s'est engagé politiquement derrière Donald Trump et a joué un rôle de premier plan dans sa campagne, Elon Musk multiplie non seulement les marques de soutiens aux représentants de l’extrême droite au Royaume-Uni mais aussi en Allemagne. Le milliardaire a notamment déclaré sur X fin décembre : "Seule l'AfD (‘Alternative für Deutschland’, le parti d’extrême droite, NDLR) peut sauver l'Allemagne".
En écrivant ces mots, le milliardaire américain a aussi cité un message de Naomi Seibt qui déplore que Friedrich Merz, candidat de la CDU favori au poste de chancelier, “refuse toute discussion avec l’AfD” pour une éventuelle future coalition gouvernementale. Cette influenceuse sympathisante du parti d’extrême droite allemand a émergé sur la scène médiatique il y a plusieurs années comme “l’anti-Greta Thunberg”.
Elon Musk a aussi appuyé son soutien à l’AfD dans une tribune publiée dans le journal Die Welt. Le milliardaire américain y affirme notamment que le parti d’extrême droite est, selon lui, “la dernière lueur d'espoir pour ce pays”, louant entre autres son programme qui vante une “politique d'immigration contrôlée”.
À l’instar de Keir Starmer au Royaume-Uni, le milliardaire américain a aussi ses cibles sur la scène politique allemande. Il a notamment traité le chancelier Olaf Scholz de “fou” et “d’imbécile incompétent” ces dernières semaines – la première fois après l’éclatement de la coalition au pouvoir, la seconde après l’attaque mortelle sur le marché de Noël de Magdebourg. Elon Musk a aussi eu des mots à l’encontre du président Frank-Walter Steinmeier, le qualifiant notamment de “tyran”.
Olaf Scholz a condamné samedi les "déclarations erratiques" du milliardaire américain, appelant à “garder son calme” face à ses propos. “Le président allemand n'est pas un tyran anti-démocratique et l'Allemagne est une démocratie forte et stable – peu importe ce que M. Musk affirme", a-t-il souligné.
En attendant, Elon Musk va participer, jeudi 8 janvier, à une conversation retransmise sur X avec la dirigeante de l’AfD, Alice Weidel. La Commission européenne, qui joue un rôle de régulateur du numérique en Europe, s’est prononcée lundi à ce sujet : “Rien dans le DSA (le règlement sur les services numériques, NDLR) n'interdit au propriétaire d'une plateforme ou à quiconque d'héberger un ‘live stream’ et d'exprimer ses opinions personnelles", a déclaré son porte-parole Thomas Regnier.
L’enquête DSA ouverte en Europe en décembre 2023 vise le réseau social X, soupçonné de manquement à ses obligations notamment en matière de lutte contre la désinformation.
Parmi les dirigeants européens, Giorgia Meloni s'est, elle, fendue d'une déclaration pleine d'ironie : "Cela me fait sourire de voir ceux qui, hier, parlaient de Musk comme d'un génie le dépeignent aujourd'hui comme un monstre, seulement parce qu'il a choisi le 'mauvais' camp sur la barricade", a raillé la dirigeante italienne, qui a rendu brièvement visite à Donald Trump samedi en Floride.
Avec AFP