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Le Danemark prend la présidence de l'UE dans une période de bouleversement pour l'Europe

Rédigé par Dakarposte le Mardi 1 Juillet 2025 à 07:56 modifié le Mardi 1 Juillet 2025 - 13:01

La sécurité est au cœur des préoccupations du Danemark, qui prend ce mardi la présidence tournante du Conseil de l'UE pour six mois.


Le Danemark prend la présidence de l'UE dans une période de bouleversement pour l'Europe
Le Danemark a officiellement pris mardi la présidence tournante du Conseil de l'UE, avec deux priorités absolues : la sécurité et la compétitivité, dans un contexte d'incertitude et de volatilité extrêmes pour l'Union européenne.
"L'Europe se trouve à un moment décisif", estime la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. "Le monde qui a garanti notre liberté et nous a permis de prospérer ne peut plus être considéré comme acquis".
Le Danemark hérite de la Pologne le rôle complexe d'arbitre parmi les 26 autres États membres de l'UE et sera ainsi chargé pour les six prochains mois de modérer des débats parfois complexes et houleux et de s'asseoir face au Parlement européen pour négocier la législation.
C'est la huitième fois que les Danois assument la présidence tournante et ils ont acquis à Bruxelles une réputation de diplomates pragmatiques et efficaces.

Voici ce qu'il faut savoir sur la présidence danoise.



Résister aux pressions de Donald Trump

Le déroulement de la présidence danoise pourrait cependant ne pas tant dépendre de Bruxelles que d'une autre capitale située à plus de 6 000 kilomètres.
Le retour de Donald Trump à Washington a profondément ébranlé les Européens, les obligeant à adopter une posture réactive pour se protéger des politiques agressives du locataire de la Maison Blanche.
Prenons l'exemple du commerce : Donald Trump tente de redessiner unilatéralement l'ordre économique de l'après-Seconde Guerre mondiale en imposant des droits de douane généralisés.
La Commission européenne espère toujours qu'un accord préliminaire pourra être conclu avec la Maison Blanche avant la date limite du 9 juillet, afin d'éviter le scénario le plus pessimiste, à savoir des droits de douane de 50 %. Mais dans le cas contraire, l'exécutif se prépare à riposter en imposant ses propres taxes sur les produits fabriqués aux États-Unis.



En tant que président de l'UE, le Danemark aura pour mission de veiller à ce que les 27 fassent front uni et se rangent derrière la Commission.
Ce rôle est relativement inhabituel pour le pays, qui défend traditionnellement l'ouverture et la liberté des marchés. Les exportations représentent près de 70 % du PIB danois, avec des marques emblématiques comme Lego, Ozempic et Carlsberg vendues dans le monde entier.
Mais pour le Danemark, les menaces de Donald Trump ne sont pas uniquement d'ordre commercial : le président américain n'a pas exclu d'utiliser la force militaire ou la coercition économique pour s'emparer du Groenland, un territoire semi-autonome du Royaume du Danemark.



Un consensus insaisissable

Le Danemark accède à la présidence alors que l'UE est confrontée à d'innombrables crises internationales, à commencer par celle qui la touche de plus près : l'invasion russe de l'Ukraine.
Dès février 2022, le Danemark a été un fervent défenseur de l'Ukraine, devenant l'un des plus grands donateurs d'aide militaire à Kyiv. Selon l'Institut de Kiel, le Danemark a promis individuellement 8,60 milliards d'euros d'armes et de munitions, dépassant ainsi des pays plus importants comme la France, l'Italie, l'Espagne et la Pologne.



Le Danemark souhaite accélérer ces livraisons au niveau de l'UE pour compenser la diminution de l'aide fournie par l'administration Trump. Dans le même temps, il est déterminé à mettre la pression sur le Kremlin pour paralyser sa machine de guerre.
Sur ce point, la présidence danoise connaît des débuts difficiles : la Slovaquie a opposé son veto au 18e train de sanctions contre Moscou en raison d'un différend sans rapport avec l'élimination progressive des combustibles fossiles russes.
Le Danemark devra également faire face à un nouveau veto sur une autre priorité : l'élargissement, que le programme officiel définit comme une "nécessité géopolitique".
La Hongrie continue de bloquer l'ouverture des groupes de négociation d'adhésion avec l'Ukraine, bien que la Commission ait déterminé que Kyiv avait rempli tous les critères nécessaires au lancement des pourparlers.
La semaine dernière, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán s'est présenté au sommet de l'UE avec les résultats d'une consultation nationale controversée pour justifier son veto.
L'impasse est telle que des fonctionnaires et des diplomates envisagent de dissocier la Moldavie de l'Ukraine pour permettre à la première de progresser pendant que la seconde attend.


La frugalité n'est plus de mise

C'est à Vladimir Poutine que l'on doit l'une des réinventions politiques les plus spectaculaires de l'histoire récente de l'Union européenne.



En 2020, Mette Frederiksen s'est jointe à un petit groupe de dirigeants partageant les mêmes idées pour prôner la discipline fiscale et des dépenses prudentes dans le prochain budget pluriannuel, qui a ensuite été associé au fonds de relance COVID-19.

C'est ainsi que sont nés les "Quatre économes" : le Danemark, les Pays-Bas, l'Autriche et la Suède se sont opposés à la vision expansionniste de la France et de l'Europe du Sud.
Cinq ans plus tard, Mette Frederiksen a changé de camp.
"En tant que Danois, nous serons toujours fermes dans les négociations sur le budget", a-t-elle déclaré le mois dernier. "Mais faire partie des 'Quatre économes' n'est plus la bonne solution pour nous".





Selon la Première ministre, l'invasion russe de l'Ukraine a irréversiblement transformé l'équation financière de l'Union et placé le réarmement au-dessus de "toutes les autres priorités et de tous les autres principes". Si l'UE ne parvient pas à développer les capacités nécessaires pour se défendre, "c'est la fin de la partie", estime-t-elle.

Mette Frederiksen n'est pas la seule à penser ainsi. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devrait également placer les dépenses de défense au cœur du prochain budget pluriannuel (2028-2034) qu'elle présentera avant les vacances d'été.

Cela signifie que le Danemark sera en mesure d'entamer le débat sur le budget, de prendre la température parmi les États membres et d'identifier les premières lignes de fracture. L'Allemagne, par exemple, a déjà exclu la possibilité d'un emprunt commun permanent.
"Les catégories que nous avons connues dans le passé existent toujours, c'est-à-dire les économes contre les autres. Mais les groupes changent, d'autres pays deviennent des économes", explique Janis Emmanouilidis, directeur général adjoint de l'European Policy Centre (EPC).


Le Pacte vert européen au cœur des débats


La réduction de la bureaucratie est devenue la tendance dominante à Bruxelles. Le programme économique de la Commission se concentre sur la simplification de la réglementation, la réduction de la charge administrative et la facilitation des affaires pour les entreprises et les investisseurs.
Pour de nombreux dirigeants, ce grand élan devrait se faire au détriment du Pacte vert européen. L'Allemand Friedrich Merz, l'Italienne Giorgia Meloni et le Polonais Donald Tusk font partie de ceux qui appellent ouvertement à l'abrogation pure et simple de certaines lois environnementales.



Le Danemark ne partage pas cette approche et estime que la transition écologique peut aller de pair avec une économie compétitive, favoriser la prospérité et créer des emplois de qualité



Cet argument n'est guère surprenant : le pays nordique a réussi à favoriser la croissance et l'innovation tout en réduisant rapidement ses émissions de gaz à effet de serre et en déployant des énergies renouvelables, notamment des parcs éoliens en mer, pour remplacer les combustibles fossiles importés.
En guise de déclaration d'intention, Mette Frederiksen a d'ailleurs invité le collège des commissaires à visiter le Laura Maersk, le premier porte-conteneurs au monde capable de naviguer au méthanol vert.
Mais avec le basculement du bloc vers la droite et les oppositions croissantes au Pacte vert, la présidence danoise pourrait bientôt se retrouver dans une minorité de plus en plus réduite sur cette question.


Le Danemark mène la marche dans la lutte contre l'immigration clandestine


Il est en revanche un domaine politique dans lequel le Danemark se trouve dans le courant dominant : l'immigration.
Grâce à sa clause de non-participation aux règles de l'UE en matière d'immigration, le pays a pu s'écarter de la norme et adopter des mesures très restrictives pour réduire le nombre de demandeurs d'asile.
D'abord controversé, le "modèle danois" est devenu de plus en plus populaire dans l'Union européenne, suscitant les éloges des dirigeants et l'attention des décideurs politiques.
"Ce que le Danemark a réalisé ces dernières années est vraiment exemplaire et, ensemble, nous nous dirigeons également vers de nouvelles règles plus strictes en matière d'asile dans l'Union européenne", a récemment déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz.



La Commission s'est dite disposée à explorer des "solutions innovantes" pour gérer l'immigration clandestine, y compris la construction de centres d'expulsion dans des pays lointains pour transférer les demandeurs d'asile déboutés.
Copenhague se sent ainsi conforté dans sa position et souhaite mettre à profit sa présidence pour faire avancer le processus, même si l'externalisation reste confrontée à des questions d'ordre logistique, financier et juridique.


"Le modèle danois de contrôle des migrations est présenté comme une référence digne d'être imitée parce qu'il vise à dissuader les demandeurs d'asile de venir", estime Céline Mias, directrice pour l'UE du Conseil danois pour les réfugiés (DRC).
"Les vents politiques peuvent tourner, mais nos valeurs et nos obligations envers l'État de droit, les demandeurs d'asile et les réfugiés ne doivent pas changer".










































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