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PASSEPORTS DIPLOMATIQUES, LE GRAND BARNUM

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 24 Décembre 2021 à 20:58

2021 tire à sa fin. Pour l’occasion, Emedia lance une série d’articles revenant sur les dix faits marquants de l’actualité durant l’année écoulée. Ce vendredi, retour sur l’interminable scandale des passeports diplomatiques.


Passeports diplomatiques. Ce sont sans doute les deux mots qui sont le plus revenus dans l’actualité nationale durant cette année 2021. Et pour cause, les scandales et les révélations se sont multipliés, n’épargnant pas des figures connues et jusque-là drapées sous le manteau de l’incorruptibilité, Simon et Kilifeu du Mouvement Y’en A Marre, éclaboussant l’Assemblée nationale où deux députés sont aujourd’hui mis en examen. Même la Présidence et le ministère des Affaires étrangères sont entachés par ce trafic de faux.

Pour le cas Y’en A Marre, L’affaire remonte au 30 juillet, date où elle s’est répandue sur les réseaux sociaux sénégalais : le rappeur Landing Mbissane Seck, alias Kilifeu, apparaît sur une vidéo compromettante. On l’y voit accepter de l’argent pour faciliter frauduleusement l’obtention de visas pour l’Europe à des personnes n’y ayant pas droit. Début septembre, c’est son camarade Simon Niaga Kouka, alias Simon, qui est mis en cause dans une vidéo similaire. Lui accepte de « louer » à une tierce personne son passeport français, acquis grâce à son mariage. L’opinion oscille entre stupeur, consternation et indignation de voir des lanceurs d’alerte empêtrés dans des travers qu’ils dénoncent à longueur de manifestations ou d’interventions publiques. Mi-septembre, les militants de Y’en a marre sont finalement entendus puis placés sous mandat de dépôt après avoir fait face au juge d’instruction dakarois Abdoulaye Hassane Thioune. Leurs camarades activistes et des hommes politiques, comme Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, dénoncent, pour leur part, un complot orchestré par l’État.

Les deux hommes poursuivis, entre autres, pour association de malfaiteurs et tentative de trafic de migrants, bénéficient désormais d’une liberté provisoire.

Pratiques rocambolesques de deux parlementaires

Presque simultanément à cette affaire, le 6 septembre, la Division des investigations criminelles (DIC) effectue une perquisition au domicile d’El Hadji Condé. L’opération policière dévoile un trafic de vaste envergure portant sur huit passeports diplomatiques établis au nom des deux députés de la majorité présidentielle : El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye – ainsi que ses présumés enfants et épouses –, et sur d’autres documents portant eux le nom de l’ex-parlementaire Sadio Dansokho (ancien du Parti démocratique sénégalais ayant rallié la majorité), par ailleurs président du conseil départemental de Saraya, dans le sud-est du pays.

La DIC met également la main sur quatorze certificats de mariage portant les noms des membres du trio, neuf autorisations parentales, sept contrats de travail, vingt photocopies de cartes nationales d’identité, sept relevés de comptes issus de la CBAO et deux estampillés Ecobank, dix-neuf extraits de naissance portant les cachets des centres d’état-civil de Médina Gounass, Kédougou et Pikine, ou encore treize relevés d’indemnités parlementaires. L’enquête révèle par ailleurs que 31 faux mariages ont été célébrés pour justifier l’attribution de passeports diplomatiques à de présumées épouses des parlementaires cités.

Après presque un mois marqué par des révélations insolites - les deux députés ont contracté des faux mariages avec des hommes- le ministère de la Justice transmet une demande de levée de l’immunité parlementaire des deux députés au Président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. Immunité, levée le 9 novembre dernier lors d’une séance plénière à l’assemblée. Le 21 décembre, dernier, les deux députés ont été placés sous mandat de dépôt.

Entre-temps, un autre scandale a éclaté, mi décembre, impliquant trois agents du ministère des Affaires étrangères, arrêtés par des éléments de la Division des investigations criminelles (Dic). Ces personnes envoyées en prison avaient un modus operandi apparemment bien huilé. Elles usaient de noms de hautes personnalités de l’Etat tout comme ceux d’anciens ministres pour commettre leur forfait. Cette énième affaire a même suscité quelques tensions entre la Présidence et le département des affaires étrangères.

Et c’est l’image du Sénégal qui en prend un sacré coup sur la scène internationale.



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