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Pèlerinage 2015 – Quand les moqueries hantent le sommeil des oubliés

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 18 Septembre 2015 à 23:02

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Venus depuis plus d’une semaine, des quatorze régions du Sénégal, de la Mauritanie, etc., pour effectuer un pèlerinage à la Mecque, lieu saint de l’Islam plus de 131 personnes des compagnies privées et publiques sont laissées dans le hangar des pèlerins de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Obligés de rentrer chez eux, la plupart pensent aux moqueries qu’ils vont subir de la part de leur entourage.


Pèlerinage 2015 – Quand les moqueries hantent le sommeil des oubliés


Il est 12 heures, le soleil au Zénith, devant le portail du hangar des pèlerins, tout est calme. Pas de pèlerin qui rôde dans les parages. Les gendarmes surveillent les entrées. Pas question pour un journaliste de pénétrer dans l’enceinte. «Les journalistes sont interdits d’accès au hangar», affirme ce jeune gendarme.

Néanmoins, un groupe de journalistes est resté devant la porte, quand tout d’un coup, on aperçoit une foule de personnes bagages à la main se diriger vers la sortie. Tout le monde se précipite vers eux, dès leur sortie, les micros et enregistreurs sont tendus.

D’un air pitoyable, le regard triste, la vieille Maïmouna Sow, tente malgré tout de garder le sourire. «C’est honteux ce qui s’est passé ici. On a quitté nos familles dans l’espoir d’aller à la Mecque, mais depuis plus d’une semaine, on est là. On espérait partir hier lorsque le président a déclaré que tous les pèlerins vont partir. Mais en vain», se désole cette vieille dame, venue de Ross Béthio, dans le département de Dagana, à une cinquantaine de kilomètres de Saint-Louis.

Pour cette octogénaire, rentrer au village reste un calvaire. «Downar waar (c’est aberrant), downa waar», murmure-t-elle. «Mes enfants pleurent depuis le jour où ils ont appris que je ne suis partie à la Mecque. Ils soutiennent qu’ils ne pourront pas supporter les moqueries des voisins. Et c’est pareil pour moi. Il y a mes coépouses qui sont à la maison, je ne sais pas ce que je dirais une fois là-bas. C’est vraiment honteux», poursuit-elle.

La vieille Maïmouna n’est pas la seule à penser à son entourage. Debout à quelques pas d’elle, cette dame, le voile couvrant la tête à moitié renchérit. «C’est vraiment difficile quand on pense à comment les gens vont nous regarder une fois à la maison. Mais Dieu en a voulu ainsi», ajoute cette Dakaroise, avant de déplorer l’attitude des autorités sénégalaises.

«Avant-hier quand ils nous ont dit que tout le monde allait partir, on était tellement content. Les gens qui n’avaient pas encore acheté leurs pagnes pour le pèlerinage l’ont aussitôt fait avec ce qui leur restait comme argent. On s’est réveillé à 4 heures du matin et on s’est toutes préparées en entendant que l’avion vienne. Mais quand ils ont pris quelques personnes l’espoir s’est envolé pour nous», regrette-t-elle.

De son côté, le vieux Moussa Touré, assis sous l’ombre d’un arbre devant le hangar, soutient la même idée. «C’est difficile, mais actuellement, il faut se remettre à Dieu. Personnellement on m’avait convoqué à 18H 30 et je devais prendre le vol 5. J’ai passé ici neuf jours et j’ai tout dépensé. Je vais essayer d’aller voir des parents à Dakar, me reposer un peu et rentrer encore», confie, la mine sérieuse cet habitant du village de Cissé Caymor, dans le département de Nioro du Rip.

Un suivi psychologique sollicité

Il est nécessaire que l’Etat fasse un suivi psychologique aux vieilles personnes qui sont laissées en rade, selon leur porte-parole, Samba Ndoye.

«La déception peut causer des problèmes psychologiques chez les personnes âgées. Il est donc primordial que l’Etat les aide en les mettant en rapport avec les psychologues qui vont les suivre pour un certain moment», a-t-il affirmé lors d’un point presse tenu à la sortie du hangar.

Ndoye estime également que les autorités doivent mettre en place des voitures pour ramener les pèlerins dans leur village respectif. «La plupart ont tout dépensé, ils n’ont actuellement pas d’argent pour rentrer », a-t-il avoué, avant d’annoncer qu’un huissier est pris, pour constater les faits.  «On décidera avec lui si on va porter plainte contre l’Etat ou non», précise M. Ndoye.
 



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