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Quand l'imam ratib de Dakar passe à côté

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 19 Juillet 2015 à 02:35


Il a surprit plus d'un avec son discours somme toute panégyriste dans lequel, il demande au Président de la République de renoncer à son engagement (il s'agit de cela) de réduire son mandat pour 5 ans.
Il, c'est l'imam ratib de la grande mosquée de Dakar, Alioune Moussa Samb. Lequel, du haut de sa chaire, juste après la prière de l'Aid El Fitr, communément appelé Korité, a monologué comme à l'accoutumée. 
Enchaînant, dans son emphase, les phrases sans reprendre son souffle, avec un jeu de mains incroyable, la droite souvent levée vers le ciel pour indiquer qu’Allah nous regarde tous et tout le temps.  Et puis paf, il lâche le morceau: " 5 ans arranger wu gnou, am na gnouy lorgner sa fauteuil bi. Défal 7 ans, wakh wakhet ay wakhou thiakhane leu" (Les 5 ans ne nous arrangent pas, il y'en à qui lorgnent votre fauteuil. Continue ton mandat pour 7 ans, l'expression dire et se dédire assez prisé au Sénégal, ne tient pas la route). 


Par cette extraction du sermon religieux de son champ originel de la religion et en le transposant dans le champ politique, et du coup le champ médiatique, l'imam Samb a raté le coche. Il  est passé à côté de la plaque. Et, si l'objectif était de sonder l'opinion, de le préparer à l'éventualité d'un "wax wakheet" du Président Sall, alors-là c'est peine perdue.
En atteste la vague d'indignations qui s'en est suivie dans les réseaux sociaux, les "wax sa khalat" (forums dans les radios de la place), les réactions contestataires de religieux , entre autres politiques, bref de Sénégalais issues de toutes les franges.

La raison principale de ce transfert du sermon que d'aucuns qualifient de  "contre nature" précisément ce jour d'Aid El Fitr, ne relève pas du hasard. En fait, sachant le capital symbolique et le crédit que confère le sermon religieux à son utilisateur dans un environnement empreint de religiosité et d’une culture à forte références religieuses, l'Establishment a opté pour ce canal. L'imam devrait faire l'affaire, a t'on certainement dit dans les douillets bureaux des tenants du pouvoir. Mais, hélas...

En  adoptant le sermon religieux, nos politiques  ont peut-être senti  que leur discours était plus efficace s’il est prêché. Les politiques ont comprit que leurs mots ne possèdent pas de force illocutoire et ne produisent pas d’effet perlocutoire de fait.

Quoi qu'il en soit, le sermon de l'imam Samb pose problème dans le fond comme dans la forme. Pour paraphraser Babacar Gaye, l'imam Samb est libre d' être foncièrement contre la réduction du mandat du Président de la République. En toute liberté, il aurait dû attendre le scrutin référendaire prévu en la matière pour s'exprimer valablement dans le secret de l'isoloir. 

D'aucuns, l'attendaient sur les préoccupations de l'heure: le chômage qui prend des proportions inquiétantes, le cas de nous autres journalistes que l'on cherche à bâillonner, la souffrance des étudiants, des enseignants...
Et si, étymologiquement, l'imam est "celui qui se place devant et qui montre la voie".  Alors-là, c'est gâté, pour parler comme l'ami Ivoirien car plus que dépités ont été les Sénégalais en entendant l'imam dire: " 5 ans arranger wu gnou, am na gnouy lorgner sa fauteuil bi. Défal 7 ans, wakh wakhet ay wakhou thiakhane leu"



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