Propos recueillis à Paris par Ousmane Noël MBAYE (Le Soleil)
Quelle appréciation faîtes-vous de la mission du Président de l’Union africaine en Russie pour faire entendre la voix de l’Afrique sur le conflit russo-ukrainien ?
On ne pouvait pas ne pas être agréablement surpris d’apprendre que le Président Macky Sall se rendait en Russie, à l’invitation de Vladimir Poutine. Mis à l’index par la majorité des pays occidentaux membres ou pas de l’Otan, le Président Poutine surprenait, par cette invitation, toute la communauté internationale. Au-delà de la personne du Président sénégalais, c’est bien évidemment toute l’Afrique qui était mise à l’honneur à Sotchi. Rappelons que le Président Macky Sall y allait aussi en tant que Président de l’Union des 54 États africains qu’il préside depuis janvier 2022. Comme à son habitude, jouant la transparence et se refusant à tirer la couverture à soi, Macky Sall a tenu à être accompagné du Président de la Commission africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. L’invitation du Kremlin démontrait à souhait que dans la géostratégie mondiale, l’Afrique avait son mot à dire dans l’approche mais aussi l’éventuel et souhaitable règlement du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine. C’est le lieu de le dire, le Président Macky Sall entretient d’excellentes relations avec son homologue Vladimir Poutine. En témoigne la récente visite du Président de la Fédération de Russie au Sénégal, il y a quelques mois, et également la bonne présence économique russe au Sénégal.
C’est la première fois, depuis le début de la guerre, que Vladimir Poutine reçoit un Chef d’État. C’est un Africain et l’accueil a été très chaleureux. Quel est le message à retenir à travers ces faits et gestes du Président russe ?
Effectivement, c’est la première fois que Poutine recevait un Chef d’État depuis le début de la guerre contre l’Ukraine. Par sa formation originelle, le Chef du Kremlin est un joueur astucieux. Il ne fait rien au hasard. Tout est médité et calculé. En recevant, avec tant d’égards et d’éclat, le Président Macky Sall, il a voulu montrer à l’Occident que la Russie comptait de vrais amis sur le continent africain et qu’elle tenait à marquer sa présence et à sauvegarder ses intérêts. Vladimir Poutine a voulu marquer la différence dans l’accueil réservé au Président Macky Sall. Une différence très remarquée par la planète. Macky Sall et Moussa Faki Mahamat, d’un côté, une petite table ronde entre lui et son hôte, Vladimir Poutine chaleureux et posant très à l’aise avec ses invités. Donc, réception d’amis, visages souriants, mimiques d’entendement… En un mot, des amis se retrouvent. Quelques jours auparavant, une table de près de 10 mètres séparait Poutine de Macron et du Secrétaire général des Nations unies. De plus, Vladimir Poutine a reçu Macky Sall pendant 3h 40 et l’a invité à déjeuner avec sa délégation. La confiance est totale entre les deux hommes. Le Président Poutine, d’un naturel extrêmement prudent et méfiant, s’est livré, à ma connaissance, à des réflexions d’ordre militaire et stratégique avec ses hôtes africains. Il y a longtemps déjà que l’Afrique n’est plus la chasse gardée de la France et de l’Occident. Russes, Turcs, Chinois y sont de plus en plus présents et agissants. Le mouvement général du monde le veut et l’exige. Les opinions publiques africaines veulent que leurs dirigeants tournent le dos au passé. Fini le temps des Présidents africains béni-oui-oui. Lorsque le Président Macky Sall a été élu à la tête de l’Union africaine, j’avais dit, dans une interview, qu’il aurait le souci majeur de défendre les intérêts de l’Afrique face à l’Europe et à l’Occident. C’est le temps du « donnant-donnant ».
Dans cette guerre russo-ukrainienne, croyez-vous au rôle de l’Afrique et particulièrement du Président Macky Sall pour réussir à établir ne serait-ce qu’un cadre de dialogue entre le Président Poutine et ses adversaires, notamment pour libérer le blé tant convoité ?
Je pense que le Président Macky Sall a l’autorité personnelle pour jouer un rôle d’intermédiaire dans le conflit russo-ukrainien. Il jouit d’une excellente image à l’international. Lors de son dernier séjour à Paris, l’accent a été mis là-dessus par toute la presse française. Peut-être, il eût été nécessaire d’aller à Kiev après Moscou. La lutte contre la famine en Afrique passe aussi par le blé ukrainien et russe. Je ne doute pas que toutes les voies, à ses yeux, sont envisageables pour éviter la famine dans le continent. Je suis optimiste sur les résultats du déplacement du Président Macky Sall en Russie et, peut-être, plus tard, en Ukraine pour trouver une solution au problème alimentaire pressant qui menace le monde. Je suis persuadé que le Président Poutine fera tout pour satisfaire la demande du Président de l’Union africaine visant à freiner et empêcher la famine alimentaire par la livraison de blé et de céréales en direction des pays africains. La Russie à gros à gagner dans cet acte de délivrance alimentaire et le Président Macky Sall en recueillerait assurément le bénéfice moral. Le blé sera libéré. Poutine tiendra sa parole à un homme d’honneur.
Les dirigeants européens ont emboîté le pas au Président Macky Sall et se sont rendus à Kiev pour prêter main forte au Président Volodomir Zelensky en procédant de la sorte. Pensez-vous que cela aidera vraiment à instaurer un dialogue constructif ?
Il est évident que le voyage de jeudi dernier des trois dirigeants français, allemand et italien à Kiev donne toute son importance au déplacement de Macky Sall à Sotchi, à l’invitation de Vladimir Poutine. Ce déplacement groupé des trois dirigeants européens, à Kiev, accorde le soutien occidental à Zelensky et, quelque part, affaiblit la possible et souhaitable médiation des pays de l’Otan dans le conflit. La méfiance de Vladimir Poutine à leur égard ira grandissante quand bien même le Président Emmanuel Macron déclare qu’il ne faut pas humilier la Russie. Je doute fort que le Président Poutine le prenne bien. Le Président ukrainien a souhaité faire une visioconférence avec l’Union africaine plutôt que d’inviter Macky Sall à la rencontre. Zelensky, acteur émérite et chef de guerre d’excellente facture, a manqué là une bonne occasion de discuter face-à-face avec le Président Macky Sall, personnage tutélaire indiscutable de l’Union africaine. Volodomir Zelensky, sans doute, en a voulu à Macky Sall d’avoir adopté une position de neutralité dans le conflit au lieu de condamner fermement la position russe. Le Président Macky Sall a bien expliqué son attitude, qui est partagée par plus de la moitié de la population mondiale, en arguant le fait qu’il attendait les conclusions de la Commission d’enquête des Nations unies pour se prononcer définitivement. Cela n’est pas encore le cas. Peut-on lui en vouloir ? Non. Souhaitons une visite rapide de Macky Sall à Kiev. Tous les belligérants en tireraient profit.
Au moment où le Président Macky Sall brille à l’international par son leadership, l’opposition grogne au Sénégal. Comment analysez-vous cela ?
Je sens que le Sénégal traverse une zone de turbulence. Je l’appréhende. Et elle m’inquiète. Pourquoi se le cacher ? Je m’interroge souvent sur le fait de savoir si les Sénégalais sont réellement conscients de la valeur optimale du Président Macky Sall à l’international. Regardons ce qu’il a obtenu en quelques années sur le plan économique, sur le plan des aides internationales. Les pays industrialisés voient que les aides financières servent à la réalisation des infrastructures, nombreuses et considérables. Cela, dans tous les secteurs de la vie du pays. Oui, l’opposition gronde. Un pays sans opposition est un pays amorphe. L’opposition est nécessaire pour le débat démocratique, mais il faut éviter les anathèmes, les injures, les mots qui génèrent la violence. Le Sénégal, depuis un siècle, a donné des leçons de démocratie saluées par la communauté internationale. Le pays ne mérite pas de perdre une seule vie dans le débat politique. Oui aux joutes électorales, oui au palabre, mais non à la violence. Personne n’y gagnerait. Qu’il me soit permis de dire, sans esprit courtisan, que je crois à la sagesse de Macky Sall. Si je pouvais remonter l’horloge du temps et revenir à ma lointaine jeunesse de trublion du lycée Van Vo (actuel lycée Lamine Guèye), et de la Faculté de Droit de Dakar, je ne ferais qu’une seule chose : aller vers lui et discuter sans intermédiaires. Ce n’est pas certes faire allégeance que de vouloir dialoguer avec lui. Mon langage cash est connu de tous. Les leaders de l’opposition sont des gens responsables. Ce sont des lettrés. Qu’ils aillent vers lui. Qu’ils parlent avec lui. Certes, le monde change, mais nos valeurs anciennes de paix et de respect de l’autre doivent nous conduire à cette route de la tolérance.
Les Présidents Sall et Macron sont liés par une belle amitié. Pourtant la France semble de plus en plus perdre du terrain sur le continent. Quelle lecture faîtes-vous de cette situation ?
Ce que je peux dire, c’est que Macron nourrit un intérêt certain pour l’Afrique et qu’il a pour ses dirigeants respect et estime. Il m’apparaît néanmoins qu’il a pour le Président Macky Sall une considération tout à fait particulière faite de respect, d’estime et d’une réelle affection. Je les crois et les devine complices de vouloir faire de fortes et belles choses pour la politique franco-africaine dans le sens d’une rénovation. À mon sens, rénovation ne doit pas vouloir dire qu’il faille déchirer toutes les pages d’un passé commun. Le Président Macron doit prendre conscience que la France n’est plus seule en Afrique. Les pays africains ont d’autres partenaires et leur entente est réelle et les intérêts réciproques. La France d’aujourd’hui n’est plus la France du Général de Gaulle. Personnage historique, le Général avait fait croire au monde que la France était une très grande puissance aux moyens considérables. L’image est fausse désormais. La France d’aujourd’hui est une grande puissance, mais avec des moyens financiers limités qui l’obligent à revoir ses ambitions à la baisse. Elle doit accepter la concurrence d’autres pays marquant leur réel intérêt pour le continent africain. La France possède deux avantages indéniables : le passé historique commun et la Francophonie.
Quelle appréciation faîtes-vous de la mission du Président de l’Union africaine en Russie pour faire entendre la voix de l’Afrique sur le conflit russo-ukrainien ?
On ne pouvait pas ne pas être agréablement surpris d’apprendre que le Président Macky Sall se rendait en Russie, à l’invitation de Vladimir Poutine. Mis à l’index par la majorité des pays occidentaux membres ou pas de l’Otan, le Président Poutine surprenait, par cette invitation, toute la communauté internationale. Au-delà de la personne du Président sénégalais, c’est bien évidemment toute l’Afrique qui était mise à l’honneur à Sotchi. Rappelons que le Président Macky Sall y allait aussi en tant que Président de l’Union des 54 États africains qu’il préside depuis janvier 2022. Comme à son habitude, jouant la transparence et se refusant à tirer la couverture à soi, Macky Sall a tenu à être accompagné du Président de la Commission africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. L’invitation du Kremlin démontrait à souhait que dans la géostratégie mondiale, l’Afrique avait son mot à dire dans l’approche mais aussi l’éventuel et souhaitable règlement du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine. C’est le lieu de le dire, le Président Macky Sall entretient d’excellentes relations avec son homologue Vladimir Poutine. En témoigne la récente visite du Président de la Fédération de Russie au Sénégal, il y a quelques mois, et également la bonne présence économique russe au Sénégal.
C’est la première fois, depuis le début de la guerre, que Vladimir Poutine reçoit un Chef d’État. C’est un Africain et l’accueil a été très chaleureux. Quel est le message à retenir à travers ces faits et gestes du Président russe ?
Effectivement, c’est la première fois que Poutine recevait un Chef d’État depuis le début de la guerre contre l’Ukraine. Par sa formation originelle, le Chef du Kremlin est un joueur astucieux. Il ne fait rien au hasard. Tout est médité et calculé. En recevant, avec tant d’égards et d’éclat, le Président Macky Sall, il a voulu montrer à l’Occident que la Russie comptait de vrais amis sur le continent africain et qu’elle tenait à marquer sa présence et à sauvegarder ses intérêts. Vladimir Poutine a voulu marquer la différence dans l’accueil réservé au Président Macky Sall. Une différence très remarquée par la planète. Macky Sall et Moussa Faki Mahamat, d’un côté, une petite table ronde entre lui et son hôte, Vladimir Poutine chaleureux et posant très à l’aise avec ses invités. Donc, réception d’amis, visages souriants, mimiques d’entendement… En un mot, des amis se retrouvent. Quelques jours auparavant, une table de près de 10 mètres séparait Poutine de Macron et du Secrétaire général des Nations unies. De plus, Vladimir Poutine a reçu Macky Sall pendant 3h 40 et l’a invité à déjeuner avec sa délégation. La confiance est totale entre les deux hommes. Le Président Poutine, d’un naturel extrêmement prudent et méfiant, s’est livré, à ma connaissance, à des réflexions d’ordre militaire et stratégique avec ses hôtes africains. Il y a longtemps déjà que l’Afrique n’est plus la chasse gardée de la France et de l’Occident. Russes, Turcs, Chinois y sont de plus en plus présents et agissants. Le mouvement général du monde le veut et l’exige. Les opinions publiques africaines veulent que leurs dirigeants tournent le dos au passé. Fini le temps des Présidents africains béni-oui-oui. Lorsque le Président Macky Sall a été élu à la tête de l’Union africaine, j’avais dit, dans une interview, qu’il aurait le souci majeur de défendre les intérêts de l’Afrique face à l’Europe et à l’Occident. C’est le temps du « donnant-donnant ».
Dans cette guerre russo-ukrainienne, croyez-vous au rôle de l’Afrique et particulièrement du Président Macky Sall pour réussir à établir ne serait-ce qu’un cadre de dialogue entre le Président Poutine et ses adversaires, notamment pour libérer le blé tant convoité ?
Je pense que le Président Macky Sall a l’autorité personnelle pour jouer un rôle d’intermédiaire dans le conflit russo-ukrainien. Il jouit d’une excellente image à l’international. Lors de son dernier séjour à Paris, l’accent a été mis là-dessus par toute la presse française. Peut-être, il eût été nécessaire d’aller à Kiev après Moscou. La lutte contre la famine en Afrique passe aussi par le blé ukrainien et russe. Je ne doute pas que toutes les voies, à ses yeux, sont envisageables pour éviter la famine dans le continent. Je suis optimiste sur les résultats du déplacement du Président Macky Sall en Russie et, peut-être, plus tard, en Ukraine pour trouver une solution au problème alimentaire pressant qui menace le monde. Je suis persuadé que le Président Poutine fera tout pour satisfaire la demande du Président de l’Union africaine visant à freiner et empêcher la famine alimentaire par la livraison de blé et de céréales en direction des pays africains. La Russie à gros à gagner dans cet acte de délivrance alimentaire et le Président Macky Sall en recueillerait assurément le bénéfice moral. Le blé sera libéré. Poutine tiendra sa parole à un homme d’honneur.
Les dirigeants européens ont emboîté le pas au Président Macky Sall et se sont rendus à Kiev pour prêter main forte au Président Volodomir Zelensky en procédant de la sorte. Pensez-vous que cela aidera vraiment à instaurer un dialogue constructif ?
Il est évident que le voyage de jeudi dernier des trois dirigeants français, allemand et italien à Kiev donne toute son importance au déplacement de Macky Sall à Sotchi, à l’invitation de Vladimir Poutine. Ce déplacement groupé des trois dirigeants européens, à Kiev, accorde le soutien occidental à Zelensky et, quelque part, affaiblit la possible et souhaitable médiation des pays de l’Otan dans le conflit. La méfiance de Vladimir Poutine à leur égard ira grandissante quand bien même le Président Emmanuel Macron déclare qu’il ne faut pas humilier la Russie. Je doute fort que le Président Poutine le prenne bien. Le Président ukrainien a souhaité faire une visioconférence avec l’Union africaine plutôt que d’inviter Macky Sall à la rencontre. Zelensky, acteur émérite et chef de guerre d’excellente facture, a manqué là une bonne occasion de discuter face-à-face avec le Président Macky Sall, personnage tutélaire indiscutable de l’Union africaine. Volodomir Zelensky, sans doute, en a voulu à Macky Sall d’avoir adopté une position de neutralité dans le conflit au lieu de condamner fermement la position russe. Le Président Macky Sall a bien expliqué son attitude, qui est partagée par plus de la moitié de la population mondiale, en arguant le fait qu’il attendait les conclusions de la Commission d’enquête des Nations unies pour se prononcer définitivement. Cela n’est pas encore le cas. Peut-on lui en vouloir ? Non. Souhaitons une visite rapide de Macky Sall à Kiev. Tous les belligérants en tireraient profit.
Au moment où le Président Macky Sall brille à l’international par son leadership, l’opposition grogne au Sénégal. Comment analysez-vous cela ?
Je sens que le Sénégal traverse une zone de turbulence. Je l’appréhende. Et elle m’inquiète. Pourquoi se le cacher ? Je m’interroge souvent sur le fait de savoir si les Sénégalais sont réellement conscients de la valeur optimale du Président Macky Sall à l’international. Regardons ce qu’il a obtenu en quelques années sur le plan économique, sur le plan des aides internationales. Les pays industrialisés voient que les aides financières servent à la réalisation des infrastructures, nombreuses et considérables. Cela, dans tous les secteurs de la vie du pays. Oui, l’opposition gronde. Un pays sans opposition est un pays amorphe. L’opposition est nécessaire pour le débat démocratique, mais il faut éviter les anathèmes, les injures, les mots qui génèrent la violence. Le Sénégal, depuis un siècle, a donné des leçons de démocratie saluées par la communauté internationale. Le pays ne mérite pas de perdre une seule vie dans le débat politique. Oui aux joutes électorales, oui au palabre, mais non à la violence. Personne n’y gagnerait. Qu’il me soit permis de dire, sans esprit courtisan, que je crois à la sagesse de Macky Sall. Si je pouvais remonter l’horloge du temps et revenir à ma lointaine jeunesse de trublion du lycée Van Vo (actuel lycée Lamine Guèye), et de la Faculté de Droit de Dakar, je ne ferais qu’une seule chose : aller vers lui et discuter sans intermédiaires. Ce n’est pas certes faire allégeance que de vouloir dialoguer avec lui. Mon langage cash est connu de tous. Les leaders de l’opposition sont des gens responsables. Ce sont des lettrés. Qu’ils aillent vers lui. Qu’ils parlent avec lui. Certes, le monde change, mais nos valeurs anciennes de paix et de respect de l’autre doivent nous conduire à cette route de la tolérance.
Les Présidents Sall et Macron sont liés par une belle amitié. Pourtant la France semble de plus en plus perdre du terrain sur le continent. Quelle lecture faîtes-vous de cette situation ?
Ce que je peux dire, c’est que Macron nourrit un intérêt certain pour l’Afrique et qu’il a pour ses dirigeants respect et estime. Il m’apparaît néanmoins qu’il a pour le Président Macky Sall une considération tout à fait particulière faite de respect, d’estime et d’une réelle affection. Je les crois et les devine complices de vouloir faire de fortes et belles choses pour la politique franco-africaine dans le sens d’une rénovation. À mon sens, rénovation ne doit pas vouloir dire qu’il faille déchirer toutes les pages d’un passé commun. Le Président Macron doit prendre conscience que la France n’est plus seule en Afrique. Les pays africains ont d’autres partenaires et leur entente est réelle et les intérêts réciproques. La France d’aujourd’hui n’est plus la France du Général de Gaulle. Personnage historique, le Général avait fait croire au monde que la France était une très grande puissance aux moyens considérables. L’image est fausse désormais. La France d’aujourd’hui est une grande puissance, mais avec des moyens financiers limités qui l’obligent à revoir ses ambitions à la baisse. Elle doit accepter la concurrence d’autres pays marquant leur réel intérêt pour le continent africain. La France possède deux avantages indéniables : le passé historique commun et la Francophonie.