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Sri Lanka : fuite du président, état d’urgence, défaut de paiement... 5 minutes pour comprendre la situation

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 13 Juillet 2022 à 15:33 modifié le Mercredi 13 Juillet 2022 - 16:09

Le président du Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa, a fui son pays - secoué depuis plus de trois mois par des manifestations et des grèves générales - ce mardi soir, après une première tentative la veille. Il laisse ainsi à son Premier ministre le soin de prendre, par intérim, la tête de cette île, alors que la situation économique y est catastrophique. Quelle est la situation politique actuelle dans le pays ? Après la fuite du président sri lankais, Gotabaya Rajapaksa, aux Maldives ce mercredi, l’état d’urgence a été instauré dans le pays ce mercredi et un couvre-feu a été mis en place dans la province de Colombo. Pour autant, les manifestations - qui ont lieu régulièrement depuis trois mois - se poursuivent. Comme ils l’avaient fait ce week-end dans le Palais présidentiel, une partie des contestataires est même parvenue à pénétrer dans les bureaux du Premier ministre et désormais président par intérim, Ranil Wickremesinghe

Si une bonne partie de la population rejette le clan Rajapaksa, l’actuel président et son frère aîné, Mahinda Rajapaksa, qui a lui-même été à la tête du pays de 2005 à 2015, ont encore des soutiens au sein de la population. Notamment parce qu’ils ont écrasé, en 2009, la guérilla menée pendant plus de 37 ans par les Tigres tamouls du Sri Lanka, et qui s’est notamment traduite pas un grand nombre d’attentats suicides. D’ailleurs, début mai, les partisans de Mahinda Rajapaksa, qui était alors Premier ministre (il a démissionné après cet épisode), ont violemment attaqué des manifestants. Résultat, neuf personnes sont mortes et plus de 200 ont été blessées.

Quelle est la situation économique ? Sur le plan économique, le Sri Lanka est en défaut de paiement de sa dette extérieure depuis le 12 avril. Par manque de devises étrangères, il a dû réduire drastiquement ses importations. Les habitants font donc désormais face à de nombreuses pénuries, notamment de nourriture mais aussi de médicaments ou encore d’électricité. Depuis fin juin, les ventes de carburant ne sont plus autorisées que pour les secteurs essentiels, comme la santé. L’inflation a atteint les 54,6 % en juin, un record. D’où vient la crise ? Elle a plusieurs causes et certaines relèvent de choix politiques parfois anciens. D’abord, le Sri Lanka s’est beaucoup endetté, auprès de la Chine, notamment au cours des dix années pendant lesquelles Mahinda Rajapaksa - le frère aîné du président en fuite - était à la tête du pays. Par ailleurs, « l’économie sri lankaise s’est entièrement tournée vers le tourisme industriel », explique le chercheur Jean-Joseph Boillot dans un article publié sur le site de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques). Résultat, les « zones rurales sont extrêmement fragilisées et le pays est de plus en plus dépendant des importations de nourriture », détaille-t-il. Puis, lorsque Gotabaya Rajapaksa est arrivé à son tour au pouvoir fin 2019, il a mis en place les plus importantes réductions d’impôts de l’histoire de l’île. Des « cadeaux fiscaux aux amis du pouvoir », commente Jean-Joseph Boillot, qui ont forcément engendré une perte de recettes pour l’État. Le président en fuite est également à l’origine du passage (annulé depuis) au 100 % bio dans la production agricole, mis en place en urgence dans l’espoir de faire des économies en réduisant les importations d’engrais, et qui a entraîné une grave crise dans le secteur. Par ailleurs, la crise sanitaire et, avant elle, les attentats djihadistes de Pâques 2019 (contre des hôtels de luxe et des églises), ont mis un gros coup d’arrêt sur le tourisme, secteur pourtant vital pour le Sri Lanka. Quel avenir pour le pays ? C’est très incertain. D’un point de vue politique, le Premier ministre assure l’intérim jusqu’à ce qu’un député soit élu par le Parlement pour exercer le pouvoir jusqu’à la fin du mandat en cours. En l’occurrence, novembre 2024. Si le Parlement dispose normalement d’un mois pour faire son choix, son président a annoncé qu’une décision serait rendue d’ici la fin de la semaine. Quant au très contesté Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, il a assuré qu’il quitterait la présidence par intérim si un gouvernement d’union nationale était formé. Sur le plan économique, des négociations sont en cours pour la mise en place d’un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI), mais les premières sessions de pourparlers n’ont pas encore donné lieu à un accord. Et l’instabilité politique risque de retarder sa mise en place.

 

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