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Touchée par le coronavirus, la France s'organise pour prévenir la propagation de la maladie

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 26 Janvier 2020 à 15:13

Après la confirmation de trois cas de coronavirus dans l’Hexagone, la quête d'un plan de prévention et d'intervention se pose pour organiser la prévention d'une éventuelle épidémie.


"Il faut traiter une épidémie comme on traite un incendie : très vite repérer la source", a déclaré, vendredi 24 janvier, la ministre française de la Santé, Agnès Buzyn.

Alors que trois cas du nouveau coronavirus chinois ont été confirmés en France, par les autorités sanitaires, sur des patients hospitalisés à Paris et à Bordeaux, la question de la mise en place d’un plan d’urgence se pose de nouveau.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé, jeudi, qu’il était "trop tôt" pour décréter une "urgence de santé publique de portée internationale".

En France, premier pays européen officiellement touché par le virus, les autorités sanitaires doivent cependant mettre progressivement en place des mesures visant, selon Agnès Buzyn, à "circonscrire" l’épidémie "le plus vite possible".

Priorité donnée à l’isolement des malades

À ce stade, la priorité est donnée à l’isolement des malades. "Toute les personnes ayant été en contact étroit avec ces patients sont en cours de recensement", a informé le ministère. "Elles vont recevoir de la part des autorités sanitaires des consignes spécifiques pour éviter tout contact, afin de limiter la propagation du virus".

La quarantaine semble, aujourd’hui, la mesure la plus efficace pour limiter la propagation du coronavirus. Les malades – à qui il est conseillé d’appeler le 15 [Samu] plutôt que d’aller aux urgences pour éviter tout risque de contamination – sont alors pris en charge en unité d’isolement. Débute alors une enquête de l’Agence régionale de santé (ARS) et des structures sanitaires visant à dépister d’éventuelles contaminations dans l’entourage du patient.


Dans le cas du coronavirus actuel, détecté en Chine au mois de décembre, il faut alors "contrôler, surveiller les contacts familiaux et les éventuels passagers de l’avion qu’ont emprunté les sujets, avec une surveillance de la température et d’un isolement à domicile pendant la période d’incubation [du virus], soit quatorze jours", explique Christophe Rapp, professeur de maladies infectieuses, contacté par France 24.

Combinaisons zippée de haut en bas, masque de protection recouvrant la moitié du visage, le personnel médical, en France "est bien armé pour faire face" au virus, et limiter les risques de transmission, estime Jan-Cédric Hansen, médecin au centre hospitalier de Pacy-sur-Eure.

Celui-ci, rappelant que les trois cas confirmés dans l’hexagone sont en provenance de Chine, a affirmé sur France 24 que la France dispose de centres de références équipés de chambres à dépression permettant de filtrer ce qui y rentre, afin que le virus ne puisse pas en ressortir. "Tant que l’on reste avec un nombre réduit de patient : trois, quatre, cinq, ou une dizaine de patients par jour, notre système est tout à fait en capacité de gérer cela, et on limitera de manière importante le risque de dissémination", ajoute-t-il. 


La mise en quarantaine, efficace si précoce

Mais la mise en quarantaine peut-elle vraiment permettre de circonscrire l’épidémie ? Oui, si elle est précoce. "En Chine, les opérations de confinement ont été trop tardives, beaucoup de personnes avaient déjà pris l’avion", ajoute Christophe Rapp qui compare la gestion de l’épidémie à celle de 2003. Lors de la diffusion du Sras, "on avait essayé, dans chaque pays, de dépister le plus précocement possible les cas et de les isoler tel qu’on vient de le faire en France, de façon à éviter une diffusion dans chaque territoire".

La ministre de la Santé a estimé vendredi soir que si la France était le premier pays européen à avoir identifié des cas, c'était "probablement parce que nous avons mis au point le test (de dépistage) très rapidement et que nous sommes capables de les identifier".

Des individus contaminés par le virus, baptisé 2019-nCoV pour "2019 Novel Coronavirus", ont en effet pu quitter Wuhan pour l’étranger avant la mise en place du confinement.

La ministre a toutefois répété qu'il n'était pas possible de contrôler les "multiples voies" d'arrivée depuis la Chine ou de "fermer les frontières". Pour autant, les mesures de sécurité dans les aéroports s’en tiennent encore aujourd’hui à de la prévention par voie d’affichage.



Toujours pas de caméras thermiques dans les aéroports

Les passagers qui arrivent sur le sol français en provenance de Chine sont avertis, dès leur installation dans l’avion, par des messages les incitant au dépistage et les avertissant qu’en cas de symptômes tels que la fièvre, ils devront absolument se diriger vers les services médicaux de l’aéroport. Rien de systématique.

Si "les autorités chinoises ont mis en place des dispositions jamais prises auparavant", avec le confinement de plusieurs dizaines de millions de personnes, et bien que "l’alerte [ait] été prise en compte et que tout le monde se prépare au niveau hospitalier", Astrid Vabret, professeure de médecine en virologie au CHU de Caen insiste, elle aussi, sur l’absence de prise de mesures type caméras thermiques dans les aéroports français.

"L’OMS n'a pas souhaité déclarer une urgence de santé publique de portée internationale, donc il n'y a pas de recommandation particulière aujourd'hui destinée aux voyageurs", s’est justifiée Agnès Buzyn, à la sortie du Conseil des ministres, vendredi.

Incontournable dans plusieurs aéroports internationaux tels que ceux de Rome et Dubaï, des caméras thermiques contrôlent les passagers en provenance de Chine dès leur arrivée à l’aéroport. D’autres pays, la Russie et la Thaïlande par exemple, ont, eux, mis en place des contrôles systématiques de la température des voyageurs dans les avions.

Samedi, en début de soirée, la direction générale de la santé (DGS) a annoncé la mise en place d''une équipe médicale d'accueil" dès dimanche à l'aéroport de Roissy permettant la prise en charge des personnes qui présenteraient des symptômes d'une infection par coronavirus.

À Paris-Charles de Gaulle, "demain, il y aura la mise en place d'une équipe médicale d'accueil permettant de répondre aux questions, permettant de prendre en charge toute personne inquiète et en particulier d'avoir une prise en charge médicale des personnes qui présenteraient des symptômes" d'une infection par coronavirus, a déclaré le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, lors d'un point presse au ministère de la Santé.

En 2003, lors de l’épidémie de Sras, l’isolement rapide des patients et leur prise en charge selon des procédures strictes de contrôle de l'épidémie ont permis de limiter au maximum le nombre de cas importés et la propagation de la maladie, selon l’OMS.

Difficile pour autant d’établir une comparaison avec la pandémie d’il y a seize ans. "On ne connaît pas suffisamment le virus et son comportement sur les populations", concède Jan-Cédric Hansen. "Sa mortalité est relativement faible : il est quinze fois moins dangereux que le Sras. Il est à surveiller, mais il ne faut pas rentrer dans une peur irraisonnée", poursuit-il.

Samedi, Samu et urgentistes se sont, eux aussi, voulus rassurants. François Braun, président du Samu, et Patrick Pelloux, président de l’association des urgentistes de France (Amuf) ont affirmé qu’il ne "servait à rien d’avoir peur", insistant sur les schémas d’organisation "bien rodés" en cas de risque épidémique.
 



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