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Un an après les West african leaks - Une impunité scandaleuse pour Jamal Kawar d'Orca

Rédigé par Dakarposte le Lundi 3 Juin 2019 à 15:08 modifié le Lundi 3 Juin 2019 - 15:14

Un an après les révélations du projet d'investigations West african leaks, parrainé par le Consortium international des journalistes d'investigation (Cij), les personnes et sociétés mises en cause au Sénégal semblent bénéficier d'une impunité totale. Si en Côte d'Ivoire un maire a été révoqué alors qu'une enquête pour blanchiment était ouvert au Cap-Vert, notre pays n'a pris aucune initiative pour faire la lumière sur les milliards passés sous le nez du Fisc. Le cas de Jamal Kawar, patron d'Orca, est assez éloquent.


Un an après les West african leaks -  Une impunité scandaleuse pour Jamal Kawar d'Orca
Qui protège Jamal Kawar, patron d'Orca ? Un an après les révélations des West african leaks, version africaine des swissleaks, le Sénégal n'a ouvert aucune enquête sérieuse pour faire la lumière sur les placements d'au moins 2,4 milliards de Fcfa effectués par Jamal Kawar d'Orca et des membres de son clan à la HSBC, en Suisse. Pour moins que cela, un maire a été révoqué en Côte d'Ivoire alors qu'une enquête pour blanchiment est pendante au Cap-Vert. Sous nos cieux, rien du tout alors que les faits mettant en cause Jamal Kawar sont d'une gravité extrême. Ce dernier a sorti, au moins, plus de 2 milliards du Sénégal pour les planquer en Suisse dans des conditions douteuses. 
D'après les révélations du projet West african leaks, "une partie des affaires de Jamal Kaawar se sont développées avec la banque anglaise HSBC Genève, avec le concours de plusieurs partenaires. Les plus connus sont cités dans les listings de HSBC appelés SwissLeaks (voir par ailleurs). Il y a Khaled Kaawar, son frère de même père et même mère, lui aussi de nationalité sénégalaise ; deux ressortissants français: Josiane Marylène Hazard et Robert Jean-Pierre Hazard domiciliés à Vic-La Gardiole, un petit village de trois mille habitants situé à moins de vingt kilomètres de Montpellier, sud de la France ; une société spécialisée dans l’ameublement, la décoration, les tissus d’origine américaine: Worldtex.Cette compagnie, sur la base des fiches bancaires en notre possession, est en lien aussi bien avec Jamal qu’avec Khaled Kaawar à travers leur Business Partner (BUP) respectif. Un de ces documents présente Jamal Kaawar comme le «bénéficiaire effectif» («Beneficial Owner) du compte de Worldtex, son associé présumé dans le business du textile en Afrique. Sur ces fiches bancaires, les montants qui pourraient être concernées par de potentielles opérations d’évasion fiscale sont de différents ordres. Ainsi, on relève l’existence d’une somme de 4.088.193 de dollars (soit un montant de 2 milliards 44 millions 96 mille 500 francs Cfa – sur une base du dollar à 500 francs Cfa) pour une période située entre les années 2006 et 2007. Le compte principal ouvert au nom de Jamal Kaawar date du 19 février 2002. La dernière modification relevée dans les livres de la banque HSBC remonte au 12 mars 2007. Mais il n’y a pas d’indication concernant la poursuite ou la cessation des activités de ce compte", révèlait le projet. 


Une impunité scandaleuse 

"Les montants indiqués sont répartis entre neuf (9) comptes bancaires identifiés chacun par un IBAN (International bank account number). Mais il est difficile d’en préciser les propriétaires réels en raison des codages et des profils client qui semblent servir d’écrans de protection pour les vrais bénéficiaires-propriétaires. Le nom de Jamal Kaawar est lié à d’autres entités répertoriées dans la fourmilière des SwissLeaks. A cet égard, WorldTex International Inc apparait comme un partenaire d’activités important pour l’homme d’affaires sénégalais. Sur les neuf comptes bancaires indiqués, quatre (4) se retrouvent sur la fiche SwissLeaks de WorldTex pour un montant maximal de 1 million 590 mille 441 dollars (795 millions 220 mille 500 francs Cfa).

Sur un compte numéroté 40557KK, Jamal Kaawar a été désigné «détenteur de compte 2» tandis que pour un autre compte numéroté 38745JK, les documents de la banque ne donnaient pas de liens spécifiques. Pour le compte WorldTex, Kaawar est présenté comme «bénéficiaire économique», selon la fiche WorldTex" d'après le projet soutenu par le Consortium international des journalistes d'investigations. "Point important à relever à propos de WorldTex: la création du compte à son nom remonte au 27 mars 2002, selon les documents de SwissLeaks, soit deux (2) mois après la création du compte 38745JK de Jamal Kaawar, le 29 janvier 2002. Le nom de Jamal Kaawar est lié à d’autres entités répertoriées dans la fourmilière des SwissLeaks. A cet égard, WorldTex International Inc apparait comme un partenaire d’activités important pour l’homme d’affaires sénégalais. WorldTex est une firme américaine spécialisée dans plusieurs branches de l’industrie du textile. Sous cet angle, son «association» avec les activités de Jamal Kaawar dans ce secteur bien précis semble logique et complémentaire. Fondée en 1992, elle s’est déclarée en faillite en se plaçant sous la protection du «chapitre 11 du Code de la faillite des Etats-Unis» auprès du tribunal ad hoc installé dans le district du Delaware afin d’entamer une réorganisation opérationnelle en mars 2001, selon l’agence financière Bloomberg. Question: pour relancer tout ou partie de ses activités industrielles, WorldTex a-t-elle bénéficié des fonds déposés dans les comptes liés à Jamal Kaawar ? Les documents disponibles ne le mentionnent pas.  WorldTex n’est pas seulement en liaison avec Kaawar. Ses adresses postales se retrouvent également dans le Sud de la France non loin de Montpellier, département de l’Hérault. Deux «contacts» y sont localisés comme indiqué plus haut: Josiane Marylène Hazard, et Robert Jean-Pierre Hazard. Pour compléter le groupe, il y a Khaled Kaawar (ndlr, c'est son immeuble qui a récemment brûlé) , 47 ans. Cet industriel de nationalité sénégalaise habitant sur la populaire avenue Blaise Diagne est très présent dans le business. Il est lié à Jamal Kaawar par quatre (4) des comptes bancaires, pour un montant de 2 millions 497 mille 752 dollars (1 milliard 248 millions 876 mille francs Cfa). Les documents de la banque montrent qu’il était lié à WorldTex et qu’il avait des droits sur son compte", selon les révélations de l'enquête.


Et si le scandale était plus vaste ? 


Selon toujours les West african leaks : " Au Sénégal, Khaled Kaawar est un commerçant. Sur le registre du Bureau d’appui à la création d’entreprise, sa société INTEX Société Anonyme a été créée le 15 février 2010 avec un capital de 10 millions de francs Cfa et un objet social élargi à plusieurs secteurs de l’activité économique. De l’ameublement aux transports, du prêt-à-porter à l’immobilier, du négoce à la prise de participation capitalistique, INTEX SA s’intéresse à tous types de business… Ce qui lui donnait un prolongement naturel dans les activités de Jamal Kaawar et de WorldTex. D’un point de vue opérationnel, il semble que les affaires marchaient bien à la satisfaction du patron. Les scripts des échanges entre les partenaires l’attestent. Des dates clefs sont à retenir au cours de l’année 2005: 26 janvier, 3 février, 4 février. Selon plusieurs notes retrouvées dans les fiches de la banque, un émissaire de HSBC indique avoir rencontré à Dakar «Mme Hazard» et «Mr Kaawar» pour évoquer «l’ouverture de 12 points de vente en Afrique.» D’après la même source, «les activités de WorldTex en tant que fournisseur de tissus et meubles se sont fortement développées.» L’émissaire de la banque conclut en ces termes : «Très satisfait de nos relations, ils m’informent que nous allons recevoir la totalité de leur chiffre d’affaires. Suivons…» Selon plusieurs notes retrouvées dans les fiches de la banque, un émissaire de HSBC indique avoir rencontré à Dakar «Mme Hazard» et «Mr Kaawar» pour évoquer «l’ouverture de 12 points de vente en Afrique.» En jugeant nécessaire d’envoyer ses représentants à Dakar, HSBC montrait tout l’intérêt qu’elle attachait à sa «coopération» avec Jamal Kaawar et associés. La suite des événements allait d’ailleurs lui donner raison. Ainsi, en janvier et février 2005, l’émissaire de la banque obtient de son client la promesse suivante extraite des scripts: «Satisfait de mes passages réguliers, me dit qu’il détient 2 fiduciaires pour un total de EUR 720 000 chez Banque Multicommerciale de Genève. Le premier arrive à échéance le 3/3 et sera transféré chez nous, le second nous parviendra avant fin juin. Suivons.» L’origine de cette somme de 720 000 euros (environ 455 millions FCFA) placée dans les comptes de la Banque Multicommerciale de Genève n’est pas précisée". 
Un an après ces révélations des documents nouvellement obtenus révèle un scandale d'une plus grande ampleur sur lequel nous reviendrons en détails. A suivre... 

Cheikh Mbacké Guissé

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