Quels enjeux du vaccin contre la Covid-19 pour l’Afrique ? Et la recherche africaine dans le processus ? Pour en débattre, Alassane Samba Diop, a reçu, dans Lr du temps, sur iRadio, ce dimanche, 20 août, Pr Chérif Salif SY, économiste et Xavier Diatta, écrivain.
"Il faut que nous soyons réalistes, indique d’emblée l’économiste. Nous ne pouvons pas avoir passé soixante ans sans avoir pensé, d’abord, à d’institutions de recherche sur les médicaments, ensuite des industries de fabrication de médicaments. Et là depuis cinq mois, nous plaindre de ne pas en avoir. Nous ne l’avons pas fait. Nous avons tardé. Les Occidentaux qui ont une expertise avérée, qui sont extrêmement proactifs sur ces questions, nous devancerons. Probablement, le vaccin validé par l’OMS sortira de ces pays ou de la Russie."
Fort heureusement, poursuit-il : "les tradipraticiens, certains médecins africains, et des groupes de la société non politique ont mis la pression depuis cinq mois. Et les résultats obtenus, c’est qu’au cœur de la crise, des dispositions ont été prises par l’OMS, et l’Union africaine avec ses structures sur les questions de santé, pour réfléchir sur une solution à partir des savoirs endogènes, de la médecine traditionnelle africaine. Ça c’est à saluer et cela va se faire en parallèle avec ce qui se fait dans les pays occidentaux. Etant entendu qu’il ne faut pas oublier que des gens sur le continent prennent des dispositions qui donnent des résultats avec l’artemisia."
Là, met-il un bémol : "malheureusement l’acculturation auprès de la population dite éduquée et des gouvernements est telle qu’il est ancrée profondément dans notre conscience que la médecine, elle est blanche. Je ne comprends pas le silence du leadership africain sur ce genre de questions. Mais quels sont les pays qui soutiennent véritablement la recherche scientifique sur le continent. Vous les comptez, vous n’en aurez pas cinq. Et c’est aujourd’hui qu’on veut se plaindre de tout cela. Il faut en tirer des leçons parce que la situation révèle la véritable nature et du système économique et social dominant, et de ce qu’on appelle les partenaires au développement, en même temps que la fragilité de leur système économique et social. Si nous n’en tirons pas les leçons, c’est que nous ne sommes pas responsables. La formulation d’une alternative pour prendre en charge nos sociétés, c’est la seule réponse viable, et cela passe par l’Education, la requalification des gens et la mise en place d’une société de culture scientifique et technique. Les autres aspects suivront."
En attendant, le constat est fait : "En Afrique, nous continuons à traiter une pandémie qui est une question mondiale dont la solution sera que mondiale par des scientifiques nationaux et souvent même nationalistes. Ça, il faut qu’on change cela. Agir et trouver les solutions ensemble. Que les Africains le fassent d’abord avec les Africains. Sur ça aussi, il faut qu’on soit vigilant. L’OMS n’est pas parfaite de même que les autres organisations du système des Nations-Unies. Il ne faut pas que nous perdions de vue que ces Institutions sont aussi les nôtres. La preuve qui est à la tête de l’OMS ? Il faut introduire un rapport de force dans ces Institutions mais aussi ailleurs pour qu’on entende la voix de l’Afrique. Pour que les Africains qui y sont pèsent. Parce que c’est un système de lobbying, on a beau y avoir des Sud-américains mais les Occidentaux pèsent d’abord par leur force de frappe en matière d’argent qu’ils mettent sur la table mais aussi par leur capacité de corruption."
Son vis-à-vis, Xavier Diatta, qui a beaucoup travaillé dans le domaine de la santé et de l’humanitaire, ne dit pas le contraire : "Le vaccin, il peut venir des plantes africaines mais simplement l’implantation du modèle européen en Afrique, et le complexe des élites posent problème".
emediasn
"Il faut que nous soyons réalistes, indique d’emblée l’économiste. Nous ne pouvons pas avoir passé soixante ans sans avoir pensé, d’abord, à d’institutions de recherche sur les médicaments, ensuite des industries de fabrication de médicaments. Et là depuis cinq mois, nous plaindre de ne pas en avoir. Nous ne l’avons pas fait. Nous avons tardé. Les Occidentaux qui ont une expertise avérée, qui sont extrêmement proactifs sur ces questions, nous devancerons. Probablement, le vaccin validé par l’OMS sortira de ces pays ou de la Russie."
Fort heureusement, poursuit-il : "les tradipraticiens, certains médecins africains, et des groupes de la société non politique ont mis la pression depuis cinq mois. Et les résultats obtenus, c’est qu’au cœur de la crise, des dispositions ont été prises par l’OMS, et l’Union africaine avec ses structures sur les questions de santé, pour réfléchir sur une solution à partir des savoirs endogènes, de la médecine traditionnelle africaine. Ça c’est à saluer et cela va se faire en parallèle avec ce qui se fait dans les pays occidentaux. Etant entendu qu’il ne faut pas oublier que des gens sur le continent prennent des dispositions qui donnent des résultats avec l’artemisia."
Là, met-il un bémol : "malheureusement l’acculturation auprès de la population dite éduquée et des gouvernements est telle qu’il est ancrée profondément dans notre conscience que la médecine, elle est blanche. Je ne comprends pas le silence du leadership africain sur ce genre de questions. Mais quels sont les pays qui soutiennent véritablement la recherche scientifique sur le continent. Vous les comptez, vous n’en aurez pas cinq. Et c’est aujourd’hui qu’on veut se plaindre de tout cela. Il faut en tirer des leçons parce que la situation révèle la véritable nature et du système économique et social dominant, et de ce qu’on appelle les partenaires au développement, en même temps que la fragilité de leur système économique et social. Si nous n’en tirons pas les leçons, c’est que nous ne sommes pas responsables. La formulation d’une alternative pour prendre en charge nos sociétés, c’est la seule réponse viable, et cela passe par l’Education, la requalification des gens et la mise en place d’une société de culture scientifique et technique. Les autres aspects suivront."
En attendant, le constat est fait : "En Afrique, nous continuons à traiter une pandémie qui est une question mondiale dont la solution sera que mondiale par des scientifiques nationaux et souvent même nationalistes. Ça, il faut qu’on change cela. Agir et trouver les solutions ensemble. Que les Africains le fassent d’abord avec les Africains. Sur ça aussi, il faut qu’on soit vigilant. L’OMS n’est pas parfaite de même que les autres organisations du système des Nations-Unies. Il ne faut pas que nous perdions de vue que ces Institutions sont aussi les nôtres. La preuve qui est à la tête de l’OMS ? Il faut introduire un rapport de force dans ces Institutions mais aussi ailleurs pour qu’on entende la voix de l’Afrique. Pour que les Africains qui y sont pèsent. Parce que c’est un système de lobbying, on a beau y avoir des Sud-américains mais les Occidentaux pèsent d’abord par leur force de frappe en matière d’argent qu’ils mettent sur la table mais aussi par leur capacité de corruption."
Son vis-à-vis, Xavier Diatta, qui a beaucoup travaillé dans le domaine de la santé et de l’humanitaire, ne dit pas le contraire : "Le vaccin, il peut venir des plantes africaines mais simplement l’implantation du modèle européen en Afrique, et le complexe des élites posent problème".
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