
Nuages de fumée, barricades et tirs à balles réelles, selon des témoins, au cœur du Tchad. Ce jeudi soir, après une journée meurtrière, le Premier ministre de transition, Saleh Kebzabo, a annoncé en conférence de presse la mise en place d'un couvre-feu entre 18 heures et 6 heures du matin dans quatre villes : Ndjamena, Moundou, Doba et Koumra. Jusqu'au « rétablissement total de l'ordre ».
M. Kebzabo fait état d'une « cinquantaine de morts », surtout à Ndjamena, Moundou et Koumra, et mentionne aussi « plus de 300 blessés ». Le gouvernement « fera régner l'ordre sur l'ensemble du territoire et ne tolèrera plus aucune dérive d'où qu'elles viennent », promet-il, dénonçant une tentative de soulèvement armé pour prendre le pouvoir. Les responsables, des rebelles, seront traduits en justice, assure le chef du gouvernement.
Un peu plus tôt, un premier bilan du porte-parole du gouvernement tchadien avait mentionné une « trentaine » de morts, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité lors de ces affrontements. « Une manifestation interdite s'est transformée en insurrection », dénonçait Aziz Mahamat Saleh, cité par l'Agence France-Presse. « Les manifestants ont attaqué des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du Premier ministre, celui du président de l'Assemblée nationale », précisait-il.
Les violences ont éclaté lorsque certains ont commencé à ériger des barricades et ont incendié le siège du parti de M. Kebzabo, selon l'agence Reuters. Plusieurs centaines de personnes étaient sorties dans les rues de la capitale dès ce jeudi matin, même si la manifestation avait en effet été interdite par les autorités. Elles s'opposaient au maintien au pouvoir du président de la transition, Mahamat Déby, arrivé l'an dernier après la mort de son père, Idriss Déby, en avril 2021.
Et ce, alors qu'un gouvernement d'unité nationale avait été formé vendredi dernier, dans l'espoir de conduire le pays à des élections repoussées à octobre 2024.
Un jeune journaliste tué
Ce jeudi matin, des pneus ont été brûlés, des barricades ont été érigées, puis de violents heurts ont été signalés dans plusieurs arrondissements de Ndjamena. La police a tiré des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les différents rassemblements à travers la capitale. Le gouvernement affirme que les forces de l'ordre n'ont fait que riposter et se défendre.
La police a été déployée, mais aussi l'armée. Et des tirs à balles réelles se sont faits entendre de façon sporadique. Dans le neuvième arrondissement, en plus des forces de l'ordre, des hommes en civil à bord de voitures teintées ont été aperçus tirant sur des manifestants.
L'heure est plutôt à la recherche des corps, rapporte notre correspondant à Ndjamena, Madjiasra Nako. Les blessés sont acheminés dans les centres de santé qui restent sous très haute surveillance ; à l'hôpital de l'Union, par exemple, où l'on dénombrait au moins sept cadavres. Des familles, venues chercher les leurs, ont été gazées.
Un journaliste a pu, lui, compter au moins 18 cadavres à la morgue de l'hôpital général de référence national.
Parmi les morts, on compte le jeune journaliste Oredjé Narcisse.
Les sièges des partis de l'actuel Premier ministre, mais aussi de son prédécesseur, l'UNDR et le RNDT Le Réveil, ont été vandalisés.
L'opposition pointée du doigt
Dans sa conférence de presse, le Premier ministre de transition a eu des propos très offensifs envers l'opposition. Saleh Kebzabo a annoncé la suspension de toute activité de plusieurs mouvements : Transformateurs, Wakit Tama, et la mise en place d'une commission judiciaire pour établir les responsabilités.
Sur notre antenne, Max Loalngar, coordinateur des actions citoyennes de Wakit Tama, s'était auparavant exprimé.
"La journée était cauchemardesque. Plusieurs villes sont sorties comme un seul homme pour dire leur aversion pour la violence que nous vivons depuis une trentaine d'années, pour dire aussi que nous sommes un peuple qui n'aspire qu'à la liberté et qui voudrait vivre dans un pays prospère en toute intelligence avec toutes les communautés (...) Jamais de mémoire de Tchadien, nous avions eu un tel carnage, c'est simplement bestial, animal, c'est inimaginable, c'est ignoble ; je n'ai pas de mot pour le dire. On ne se serait jamais attendus à ce que des forces de défense et de sécurité puissent tirer sur leur population"
Dans le pays lui-même, toujours, réaction du Fact : selon le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad, c'est une féroce répression qui s'est abattue sur des manifestants pacifiques ce jeudi.
L'ONU réclame une enquête
Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, condamne fermement la répression des manifestations.
La France condamne également ces violences. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, Paris évoque notamment l'utilisation d'armes létales contre les manifestants.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères souligne que la France « ne joue aucun rôle dans ces événements, qui relèvent strictement de la politique intérieure du Tchad ». « Les fausses informations sur une prétendue implication de la France n’ont aucun fondement », assure-t-elle
D'ores et déjà, les Nations unies demandent une enquête sur les décès. « Les autorités de transition doivent garantir la sécurité et la protection des droits de l'Homme, y compris la liberté d'expression et de réunion pacifique », a en effet indiqué dans un tweet le Haut Commissariat des droits de l'Homme de l'ONU.
Les habitants que nous avons pu joindre à Ndjamena et Moundou disaient entendre encore, vers 19 heures (heure de Paris), des coups de feu sporadiques. « Nous avons peur de ce qu'il va se passer cette nuit », confie l'un d'eux. Tous redoutent des arrestations nocturnes.
M. Kebzabo fait état d'une « cinquantaine de morts », surtout à Ndjamena, Moundou et Koumra, et mentionne aussi « plus de 300 blessés ». Le gouvernement « fera régner l'ordre sur l'ensemble du territoire et ne tolèrera plus aucune dérive d'où qu'elles viennent », promet-il, dénonçant une tentative de soulèvement armé pour prendre le pouvoir. Les responsables, des rebelles, seront traduits en justice, assure le chef du gouvernement.
Un peu plus tôt, un premier bilan du porte-parole du gouvernement tchadien avait mentionné une « trentaine » de morts, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité lors de ces affrontements. « Une manifestation interdite s'est transformée en insurrection », dénonçait Aziz Mahamat Saleh, cité par l'Agence France-Presse. « Les manifestants ont attaqué des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du Premier ministre, celui du président de l'Assemblée nationale », précisait-il.
Les violences ont éclaté lorsque certains ont commencé à ériger des barricades et ont incendié le siège du parti de M. Kebzabo, selon l'agence Reuters. Plusieurs centaines de personnes étaient sorties dans les rues de la capitale dès ce jeudi matin, même si la manifestation avait en effet été interdite par les autorités. Elles s'opposaient au maintien au pouvoir du président de la transition, Mahamat Déby, arrivé l'an dernier après la mort de son père, Idriss Déby, en avril 2021.
Et ce, alors qu'un gouvernement d'unité nationale avait été formé vendredi dernier, dans l'espoir de conduire le pays à des élections repoussées à octobre 2024.
Un jeune journaliste tué
Ce jeudi matin, des pneus ont été brûlés, des barricades ont été érigées, puis de violents heurts ont été signalés dans plusieurs arrondissements de Ndjamena. La police a tiré des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les différents rassemblements à travers la capitale. Le gouvernement affirme que les forces de l'ordre n'ont fait que riposter et se défendre.
La police a été déployée, mais aussi l'armée. Et des tirs à balles réelles se sont faits entendre de façon sporadique. Dans le neuvième arrondissement, en plus des forces de l'ordre, des hommes en civil à bord de voitures teintées ont été aperçus tirant sur des manifestants.
L'heure est plutôt à la recherche des corps, rapporte notre correspondant à Ndjamena, Madjiasra Nako. Les blessés sont acheminés dans les centres de santé qui restent sous très haute surveillance ; à l'hôpital de l'Union, par exemple, où l'on dénombrait au moins sept cadavres. Des familles, venues chercher les leurs, ont été gazées.
Un journaliste a pu, lui, compter au moins 18 cadavres à la morgue de l'hôpital général de référence national.
Parmi les morts, on compte le jeune journaliste Oredjé Narcisse.
Les sièges des partis de l'actuel Premier ministre, mais aussi de son prédécesseur, l'UNDR et le RNDT Le Réveil, ont été vandalisés.
L'opposition pointée du doigt
Dans sa conférence de presse, le Premier ministre de transition a eu des propos très offensifs envers l'opposition. Saleh Kebzabo a annoncé la suspension de toute activité de plusieurs mouvements : Transformateurs, Wakit Tama, et la mise en place d'une commission judiciaire pour établir les responsabilités.
Sur notre antenne, Max Loalngar, coordinateur des actions citoyennes de Wakit Tama, s'était auparavant exprimé.
"La journée était cauchemardesque. Plusieurs villes sont sorties comme un seul homme pour dire leur aversion pour la violence que nous vivons depuis une trentaine d'années, pour dire aussi que nous sommes un peuple qui n'aspire qu'à la liberté et qui voudrait vivre dans un pays prospère en toute intelligence avec toutes les communautés (...) Jamais de mémoire de Tchadien, nous avions eu un tel carnage, c'est simplement bestial, animal, c'est inimaginable, c'est ignoble ; je n'ai pas de mot pour le dire. On ne se serait jamais attendus à ce que des forces de défense et de sécurité puissent tirer sur leur population"
Dans le pays lui-même, toujours, réaction du Fact : selon le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad, c'est une féroce répression qui s'est abattue sur des manifestants pacifiques ce jeudi.
L'ONU réclame une enquête
Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, condamne fermement la répression des manifestations.
La France condamne également ces violences. Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, Paris évoque notamment l'utilisation d'armes létales contre les manifestants.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères souligne que la France « ne joue aucun rôle dans ces événements, qui relèvent strictement de la politique intérieure du Tchad ». « Les fausses informations sur une prétendue implication de la France n’ont aucun fondement », assure-t-elle
D'ores et déjà, les Nations unies demandent une enquête sur les décès. « Les autorités de transition doivent garantir la sécurité et la protection des droits de l'Homme, y compris la liberté d'expression et de réunion pacifique », a en effet indiqué dans un tweet le Haut Commissariat des droits de l'Homme de l'ONU.
Les habitants que nous avons pu joindre à Ndjamena et Moundou disaient entendre encore, vers 19 heures (heure de Paris), des coups de feu sporadiques. « Nous avons peur de ce qu'il va se passer cette nuit », confie l'un d'eux. Tous redoutent des arrestations nocturnes.