Macron copieusement... hué

"Ce n'est pas la première fois que j'entends des gens qui râlent après moi, j'ai eu bien pire". Emmanuel Macron ne s'est pas dit surpris au micro de BFMTV de l'accueil qui lui a été réservé ce mercredi à Sélestat dans le Bas-Rhin. En déplacement dans l'est de la France pour défendre la politique de réindustrialisation du gouvernement, le président a été rattrapé par la vive opposition à sa réforme des retraites, promulguée le week-end dernier.

"Macron démission", "On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là"... À ces slogans et chants se sont ajoutés des huées pour la venue du président qui entendait tourner la page du chapitre retraites et de la crise politique et sociale qu'il a provoqué.

"Les gens en colère, je les respecte", a-t-il assuré cet après-midi, "j'ai envie qu’ils se réengagent sur le dialogue. On peut convaincre encore des gens sur les retraites".
Le chef de l'État, davantage présent sur la scène internationale ces derniers mois, fait une nouvelle fois face à des Français mécontents de lui et de sa politique.

• "Je suis élu par le peuple français, vous êtes élus par qui?"
Dernier moment tendu en date: celui survenu en février au Salon de l'agriculture. Alors que le président déambulait dans les couloirs du salon Porte de Versailles à Paris, un jeune homme se revendiquant du collectif "Dernière Rénovation" et arborant un t-shirt avec la phrase "À quoi tu sers?" l'a interpellé sur la crise climatique.

"On n'en peut plus de demander gentiment. Entendez-ça, sinon ça va être terrible. J'ai fini ce que j'avais à dire", a-t-il déclaré, refusant d'écouter la réponse du président: "on vous a déjà entendu".
"Vous n'êtes pas respectueux", lui avait rétorqué Emmanuel Macron, "vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique [...] Je suis élu par le peuple français, vous êtes élus par qui?".

"C'est pas un débat", lui a répondu le jeune militant. "Et ben alors, partez, si c'est pas un débat", lui a répondu le président de la République. "On les connaît vos promesses, vous ne les tenez jamais", a conclu le jeune homme.

"Ils font leurs shows", a déclaré un peu plus tard le président après le vif échange.

"J'ai jamais vu un président aussi nul"
L'année dernière aussi, Emmanuel Macron avait été confronté à une autre discussion tendue. Quelques mois avant la gifle qu'il avait reçue de la part d'un jeune homme, le chef de l'État avait été interpellé par un passant lors d'un déplacement dans le Bas-Rhin, en pleine campagne présidentielle.

"La manière dont vous avez traité les gens depuis le début de votre mandat est un scandale. Vous êtes aussi arrogant, aussi méprisant, aussi cynique (...). Vous avez assassiné l'hôpital. J'ai jamais vu un président de la Vème République aussi nul que vous", avait lancé l'individu, indiquant vouloir alors voter pour Marine Le Pen au second tour.

"Eh bien, je vous remercie d'avoir plein d'arguments à mettre sur la table. Je suis prêt à débattre avec vous. Vous le voyez, je suis là, y'en a pas beaucoup", avait répondu Emmanuel Macron.
"Je vous respecte mais je voterai jamais pour vous. Avec toutes les casseroles que vous traînez derrière, que ce soit l'affaire Benalla, et Kohler (Alexis Kohler, le secrétaire général adjoint de l'Élysée NDLR), votre petit copain", lui opposait le badaud.

"Vous, ça se mélange quand même beaucoup dans la tête. Vos arguments, ça va quand même dans tous les sens", lui répond alors le candidat.

"Bah oui, je vais aller me faire soigner", lui rétorque l'électeur.

"Dites pas ça, il y a des gens qui sont vraiment malades. Mais en tout cas, vous confondez beaucoup de choses, je vous le dis avec beaucoup de respect", a enfin conclu Emmanuel Macron.

"Vous écrasez les gens"
En novembre 2018 lors de son premier mandat, juste avant le début de la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron s'était retrouvé face à un homme l'exhortant à écouter "la colère des Français qui monte" sur la question des carburants. "Vous écrasez les gens", lui avait notamment lancé l'homme qui l'interpellait.

"Non, on n'écrase personne", lui avait répondu Emmanuel Macron, "on n'écrase pas". "Quand on change les choses, on bouscule les habitudes, les gens sont pas forcément contents", avait alors déclaré le président.
Emmanuel Macron avait également confié à l'époque n'avoir "jamais pensé que c'était facile". "J'ai été élu en me faisant secouer et ça continuera jusqu'au bout" avait-il encore ajouté.