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Mbokka, Jerejëf ! (Par Momar Mbaye)

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 2 Décembre 2016 à 18:19

Mbokka, Jerejëf ! (Par Momar Mbaye)
Seize ans après le Sénégal, c’est au tour de la Gambie de connaitre l’alternance. Le pays dirigé d’une main de fer par le putschiste Yaya Jammeh, va tourner une page de son histoire. Une page tachée de crimes, de meurtres et d'assassinats, d’atteintes notoires aux droits de la personne humaine, mais également d’entraves à la bonne marche de la démocratie.
Yaya Jammeh qui reconnait sa défaite à une présidentielle, c’est tout simplement inédit, inimaginable au point que l’on serait tenté de le soupçonner d’être de connivence avec qui va lui succéder. Le blackout vécu lors de ce scrutin a jeté la suspicion sur un pouvoir finissant, qui n’avait d’autre alternative que de lâcher prise. Mais le président gambien se savait surveillé, comme du lait sur le feu par une communauté internationale qui l’a trop laissé s’éterniser au pouvoir. Une communauté qui n’a cessé de dénoncer les manquements notoires devenues le domaine de prédilection de Banjul, dont le palais, dans quelques jours, aura le privilège d’être purgé des démons de Yaya, à «Jammeh».
Un président s’en va, un nouveau prend ses quartiers. Un peuple conscient de son destin, avec l’activisme accru de sa diaspora contrainte à l’exil, s’est exprimé librement pour prendre son destin en main. Liesses populaires certes, mais encore timides dans une capitale où Jammeh a toujours fait la pluie et le beau temps. Voir Yaya quitter le pouvoir est salutaire, mais son ombre plane toujours sur Banjul, une capitale qui aujourd’hui respire et exprime un ouf de soulagement de voir son dictateur, enfin, s’apprêter à quitter le pouvoir, sans effusion de sang. Un sang auquel Yaya aura habitué ses compatriotes et la communauté internationale.
«Dictateur et fier de l’être», Yaya sera resté à «Jammeh» fidèle à la ligne qu’il s’est tracée depuis qu’il a pris le pouvoir par les armes. Mais la prudence s’impose, car avec Yaya, il ne faut jamais dire «Jammeh». Reste à prier que Yaya ne revienne «Jammeh» au pouvoir. Ni pour influencer la politique intérieure et/ou extérieure de son successeur, encore moins pour mettre sur sa tête une épée de Damoclès, avec menaces de putsch. 
Sa sortie par la petite porte, somme toute élégante et inspirée du modèle sénégalais de l’alternance, suscite le respect et restera gravée dans les annales, mais ne le dédouane guère des crimes contre l’humanité, d’actes de barbarie perpétrés sur de simples citoyens, contre des acteurs de la presse, contre des opposants qu’il n’hésitait pas à mâter, à emprisonner s’il ne les exterminait pas en détention. L’heure est-il venu, une fois l’alternance consacrée, de tourner définitivement la page de plus de deux décennies de dictature sanguinaire. 
Le nouvel homme fort de Banjul aura pour tâche première de réconcilier la Gambie avec ses voisins. De donner aussi des gages en termes de collaboration, afin de mettre son pays à la disposition de la justice internationale, pour que Jammeh répondre des crimes les plus odieux commis sous son magistère.
Momar Mbaye

Auteur: Momar Mbaye 



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