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Santé: vérités et contre-vérités sur le vin et le cancer

Rédigé par Dakarposte le Mardi 31 Janvier 2023 à 14:04

L’Institut national du cancer a publié son quatrième Baromètre relatif aux attitudes et comportements des Français face au cancer. Dans son étude, il apparaît que 23,5% des 15-85 ans pensent que boire un peu de vin diminue le risque de cancer. L’occasion de se pencher sur les croyances autour d’un alcool érigé en symbole de l’identité française.


Santé: vérités et contre-vérités sur le vin et le cancer
« Le vin n’est pas un alcool comme un autre ». C’est ce qu’a déclaré Didier Guillaume début 2019, alors qu’il était ministre de l’Agriculture et de l’alimentation dans le gouvernement d’Édouard Philippe. Une déclaration qui avait à l’époque irrité nombre d’addictologues et de médecins mais qui s’inscrivait dans un courant de pensée répandu en France, où l’on tend à relativiser la dangerosité du vin par rapport à d’autres boissons alcoolisées et spiritueuses.

Cette image a la peau dure et participer à l’émergence d’autres croyances, comme le démontre l’un des chiffres du dernier Baromètre cancer, établi par l’Institut national du cancer. Selon l’enquête, 23,5% des Français âgés de 15 à 85 ans « pensent que boire un peu de vin diminue le risque de cancer plutôt que de ne pas en boire du tout ».

La réputation d’un vin bénéfique pour la santé tient de plusieurs sources. L’Institut national du cancer pointe le poids de la consommation d’alcool dans la société française, et notamment la consommation de vin. Celle-ci est « valorisée par les représentants de la filière vitivinicole, certains élus et politiques qui la décrivent comme un ’’socle de l’identité française’’ », explique le Baromètre. Les propos de l’ancien ministre Didier Guillaume en 2019 ne sont pas un cas isolé. Bien que les dernières études montrent une baisse de la consommation d’alcool en France, le vin reste un symbole fort du patrimoine gastronomique français.

Comment le vin a acquis sa bonne réputation
L’Institut du cancer avance aussi un « effet générationnel » : « Certains alcools tels que le vin, davantage consommé par les personnes plus âgées, ont longtemps été perçus comme revêtant un caractère protecteur, voire bénéfique pour la santé. » Illustration récente de cette vertu d’élixir de vie avec sœur André, ancienne doyenne de l’humanité, décédée le 17 janvier à l’âge de 118 ans ; dans la presse, était souvent évoqué son habituel verre de rouge tous les midis.

Enfin, dans le même raisonnement, une idée s’est largement répandue et reste solidement ancrée : le vin, consommé avec modération, serait bon pour le cœur. C’est le fameux slogan « un verre de vin par jour, c’est bon ». Sur RFI, nous publions, en 2010, un article expliquant ces bienfaits. Une affirmation qui a toujours des défenseurs au sein de la communauté médicale.

Le quotidien régional La Dépêche s’est encore penché sur la question fin 2021 et a recueilli l’avis d’un professeur en cardiologie, selon lequel « nous sommes certains à 99,9% que le vin est protecteur contre les maladies cardiovasculaires et qu’il nous protège également de l’athérosclérose, c’est-à-dire du dépôt de graisses dans les artères ». On trouve en effet des antioxydants dans le vin ; le raisin est riche en polyphénols et en resvératrol.

L’alcool (et donc le vin), un fléau contre le cancer
Une étude antérieure a néanmoins démenti cette croyance. Selon des travaux publiés mi-2018 dans la revue The Lancet, boire un verre de vin quotidiennement, augmente le risque de développer des cancers ou des maladies cardiovasculaires. Dès lors, entre les avis scientifiques divergents et les certitudes acquises au fil du temps, il n’est pas surprenant qu’une part non négligeable de Français se méprennent quant aux prétendus bienfaits du vin dans la lutte contre le cancer.

Car s’il y a des points de vues contradictoires quant aux bienfaits ou aux méfaits du vin dans la prévention des maladies cardiovasculaires, la science se veut claire à propos de la lutte contre le cancer : le vin, même consommé avec modération, n’a aucun effet préventif, au contraire. L’Institut national du cancer est catégorique. « Même à faible dose, l’alcool augmente le risque de cancers. L’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est transformé dans l’organisme en composés favorisant le développement de cancers », écrit-il sur son site.

En France, l’alcool est le deuxième facteur de risque de cancers évitable après le tabac. En 2015, l’Institut national du cancer estime à 41 000 le nombre de décès attribuables à l’alcool (30 000 hommes et 11 000 femmes). Parmi ces morts, 16 000 sont liées à des cancers et 10 000 à des pathologies cardiovasculaires. L’adage selon lequel un verre de vin est bon pour la santé ne doit pas non plus faire oublier que, par définition, l’alcool peut conduire à l’alcoolisme. « Le vin quotidien est le problème (…) car c’est un alcool quotidien », rappelait la Fédération Addiction début 2018.


 

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