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Mise en guerre post-mortem d’Al Makhtoum : le risque de guerre civile au Sénégal

Rédigé par Dakarposte le Lundi 20 Mars 2017 à 08:00

Dans notre dernière chronique, nous évoquions « la médiation post-mortem » de Serigne Cheikh Ahmed Tidiane à propos de la tension sociale qui s’est brusquement abaissée suite à son rappel à Dieu, survenu le 7 mars dernier. Nous ne doutions pas alors qu’il avait abordé ce sujet avec son frère Serigne Abdoul Aziz Al Amin qui s’est fait un devoir de le transmettre, avant-hier, dans son intervention de deux heures de temps devant la Nation entière, secouée par la disparition du Khalife.

Dans sa déclaration, il a transmis les mises en garde de son défunt frère sur les risques de guerre civile au Sénégal en ses termes : « Si les acteurs politiques ne cessent pas les invectives et autres attaques verbales entre eux, nous allons tout droit dans le mur. Celles-ci peuvent nous conduire vers la guerre civile, comme c’est actuellement le cas dans bien des pays arabes».

Des propos qui consacrent une vision prospective catastrophique de l’idée des rivalités et stratégies politiques en cours sur fond de poursuites judiciaires.

Sans verser dans aucune forme de mysticisme qui ne saurait être notre rôle, n’ayant aucune compétence en la matière, nous estimons que tous les signes sont aujourd’hui réunis. La tension sociale est là. Les forces de sécurité interviennent dans les quartiers populaires comme Grand-Yoff, fief de Khalifa Sall, pour jeter des lacrymogènes, y compris dans la demeure du Maire embastillé.

Un de ses frères promet, dans Lemonde.fr, qu’aucun élément des forces de l’ordre ne sortira vivant de cette opération si jamais ils recommençaient. Le marabout tidjiane, Serigne Moustapha Sy, fils du défunt Khalife et leader des Moustarchidines, subit la pression morale d’une promesse de suivre Khalifa Sall en prison si jamais il était emprisonné.

Il a bien reçu le Président de la République Macky Sall lors des funéraire de son père, mais leseffets escomptés de l’accolade entre les deux hommes se sont vite estompés du fait de ces déclarations ultérieures faisant état de son refus de pactiser avec un homme qui a mis en prison un de ses proches. Donc, c’est dire que Serigne Moustapha est toujours dans une dynamique de combat, lui qui aurait demandé à ses partisans de réactiver son ancien parti politique.

Or, aujourd’hui même, les avocats de Khalifa Sall vont déposer une demande de liberté provisoire, seul espoir de le voir sortir rapidement. Si elle lui est refusée comme cela est fort probable, cela pourrait radicaliser les partisans du Maire de Dakar et une bonne partie de l’opposition dont les libéraux du Pds qui ont été les premiers à souffrir de ces genres de poursuites judiciaires qu’ils continuent à subir comme certains comme Aïda Ndiongue.

Ce n’est pas exagéré alors de dire que le Sénégal traverse une zone de turbulence qui a fait l’objet d’alerte de la part de nombreux hommes politiques comme l’ancien Ministre Pape Diouf, qui a mis en garde sur le fait que dans les autres pays africains, ce sont ces genres d’évènements qui ont été à l’origine des tensions observées. Même son de cloche de la part de Cheikh Tidiane Gadio, un autre homme politique qui, depuis des mois, ne cesse de lancer des appels à des concertations pour dissiper les tensions.

En tout état de cause, cet appel post-mortem d’Al Makhtoum n‘est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Idrissa Seck, le leader de Rewmi, dit s’y souscrire totalement, car, à l’en croire, c’est la mission première de tout responsable de travailler pour que la paix et l’unité règnent dans son pays.

Mor Ngom, qui a dirigé la délégation de Benno Bokk Yakaar à Tivaouane, a abondé dans le même sens. Il s’agit de travailler à l’unité des cœurs et de saisir cette occasion pour se réunir autour de l’essentiel avec les programmes mis en place par son mentor. Qu’à cela ne tienne, il n’est pas superflu de rappeler que dans cette même chronique, nous écrivions, il y a de cela quelques jours, que « la République est à l’écoute des chefs religieux ». Eh bien, personne ne pourra dire qu’ils n’ont pas parlé.

Assane Samb



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