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Mutinerie pour les conditions de détention : Y’EN A MARRE À REBEUSS - 1 mort et 27 blessés chez les détenus - 14 matons blessés

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 21 Septembre 2016 à 10:33

Mutinerie pour les conditions de détention : Y’EN A MARRE À REBEUSS - 1 mort et 27 blessés chez les détenus - 14 matons blessés
La mutinerie à la prison de Rebeuss hier a fait un mort et plusieurs blessés. Au-delà du drame, la situation des Mac sénégalaises doit pousser les autorités à repenser le fonctionnement d’une justice sénégalaise trop répressive. Les détenus qui veulent rejoindre le monde libre exigent l’institution permanente des Chambres criminelles.

Le régisseur Agnès Ndiogoye n’est pas vernie par la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Débarquée dans cette prison, la dame a été mise à rude épreuve ces derniers jours par la révolte des détenus. L’insur­rection qui couvait a finalement fini dans le sang : 1 mort et 27 blessés du côté des détenus après des échauffourées avec les gardiens de prison. Chez les gardes pénitentiaires, il y a quatorze blessés, a confirmé le colonel Daouda Diop, directeur de l’Administration pénitentiaire, au cours d’une conférence de presse.
Depuis quelques jours, la Mac de Rebeuss est secouée par l’agitation des détenus qui ne dissimulent plus leur exaspération. Hier, ils ont voulu pousser le portail qui les sépare du monde libre dans un dernier sursaut de désespoir : vers 10h, près de 600 d’entre eux ont profité des visites et de l’heure de promenade pour tenter une évasion collective. Ils ont été neutralisés par l’Administration pénitentiaire qui a utilisé «les moyens à sa disposition» pour contenir la fronde et arriver à maîtriser la situation vers 14h.
Cette mutinerie est le pic d’un malaise généralisé dans les cellules de 100 m2. Depuis deux semaines, ses locataires multiplient les signes d’agacement et d’effronterie pour pousser les autorités à se pencher sur leur situation. Ils dénoncent les longues détentions et la promiscuité dans les cellules, provoquée par le surpeuplement carcéral. Et surtout l’institution permanente des Chambres criminelles instaurées pour tenter de régler ce sérieux problème. 
Aujourd’hui, ce drame rappelle la péremption de notre système judiciaire qui a besoin d’un relooking. Cette systématisation des mandats de dépôt a produit les effets pervers de la lutte contre la délinquance, à savoir l’étouffement des maisons de détention. Le Parquet et les juges d’instruction signent mécaniquement les bons à envoyer en prison sans penser à la capacité d’accueil des prisons sénégalaises. En moyenne, Rebeuss reçoit quotidiennement 60 détenus pour divers délits. 
Ce chiffre est une interpellation au fonctionnement de la justice. Depuis les indépendances, le Sénégal n’a pas construit de prisons pour accueillir sa population carcérale qui croit de façon exponentielle. C’est une vérité qui montre l’importance que ce pays accorde à ses citoyens qui sont en conflit avec les règles sociétales. «On ne peut continuer sur cette lancée. Toutes les prisons ont été construites par les colons. Si on retrouve aussi autant de jeunes dans nos prisons, cela veut dire que notre système a failli, parce que nous n’avons pu leur donner des emplois», tonne Fou malade. 
Aujourd’hui, la répression semble montrer sa limite. Lors de leur mutinerie, les détenus réclamaient un principe élémentaire de droit : être jugés. Ces longues détentions ont fini par sauter le verrou de la résignation. Mais ce projet n’a pas emporté l’adhésion de tous les détenus. Ayant constaté que les leaders des mutins étaient des cas «désespérés» mis en détention préventive pour des délits assez sérieux, les dissidents se sont désolidarisés. Il s’en est suivi une bataille rangée qui a connu un sanglant final.  
En écho aux revendications des prisonniers, Fou Malade, qui est presque leur porte-parole, ne cache pas son amertume : «Les autorités devaient anticiper parce qu’il y a eu trois grèves de la faim. Ils ne demandent qu’à être jugés. Cela veut dire qu’ils ne réclament aucun privilège. Cette mutinerie pose le problème de l’équité de la justice dans notre pays.» 
bsakho@lequotidien.sn



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